Memories est un petit suspens ma foi plutôt sympathique, même si au bout du compte il sème un peu des pistes pour perdre le spectateur, sans forcément les expliquer ou les justifier.
Coté casting Ryan Phillippe est franchement décent. Je l’avais déjà remarqué dans un autre très bon suspens avec Statham, et je dois dire qu’il a l’air de se plaire dans ce registre. Bon, il est peut-être un peu lisse, mais c’est tout à fait pardonnable, et son interprétation en tant que telle tient tout de même la route. A ses cotés Piper Perabo et Sarah Poley sont un peu fades. La première est correcte mais sans plus, la seconde n’a pas un personnage qui lui permet franchement de décoller. C’est un peu le cas aussi de Robert Sean Leonard, et finalement c’est Stephen Lang qui livre le second rôle le plus fameux, et retient bien plus l’attention que les autres.
Le scénario est donc pas mal du tout, mais il ne boucle pas complètement la boucle. En fait pas mal de pistes restent en suspens, et que la fin n’explique pas nécessairement. S’il délivre avec une grande intelligence les clés de compréhensions au fur et à mesure, et qu’il réussit sa chute, en revanche ces trous sont assez gênants lorsqu’ils s’accumulent un peu trop. Par ailleurs le début est un peu laborieux à se mettre en place, mais cela est plutôt profitable du coup à sa gradation. Sa durée relativement courte permet de surcroit à Memories de ne pas trop donner le sentiment de longueur, alors qu’il en recèle quelques-unes.
Coté mise en scène c’est très propre, très efficace. Le réalisateur, que je ne connaissais pas au demeurant, propose un travail réussi, qui rend surtout bien la dimension paranoïaque et hallucinée du film. Le plan à la verticale de l’escalier en colimaçon, qui revient à plusieurs reprises, témoigne de ce travail soigné et de cette réflexion qui a présidé à la réalisation. Bon boulot. La photographie est du même acabit, avec quelque chose à la fois simple, et qui pourtant ne manque pas d’élégance, et ne peine pas à créer une atmosphère lourde et mystérieuse. Les plans de bords de mer sont sublimes (les phares qui délivre une lumière verte !), et le métrage a de ce point de vue une vraie élégance. Les décors quant à eux sont bons, mêmes si les lieux sont souvent les mêmes, et qu’il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond avec ce que propose Memories. Enfin, la bande son est très intelligente. Elle est d’ailleurs à l’image de la photographie : simple mais efficace. Des notes sur un piano dissonantes et angoissantes qui réussissent parfaitement là où on les attend.
Ma conclusion sur Memories est donc la suivante : un bon suspens qui s’avère distrayant, malgré quelques lacunes agaçantes parfois. Le scénario se disperse de trop, et ne résout pas tout, le rythme tend parfois à baisser, et sur un créneau difficile il ne parvient tout de même pas à se hisser dans le gratin. Reste que pour une soirée c’est sympa, que le casting est plutôt attrayant, et pour les amateurs de suspens – dont je suis – il fait quand même plaisir.