Sujet traité assez rarement et pourtant très intéressant : l'itinéraire d'un faux prédicateur et de sa troupe ambulante venant exploiter la naïveté de pauvres gens à des fins purement pécuniaires. L'ensemble se tient plutôt bien jusque dans la dernière ligne droite : si le mauvais esprit n'est (encore heureux!) pas totalement absent, peut-être aurait-il fallu plus de méchanceté, de cynisme, mais le côté « show », légèrement omniprésent, est fort bien rendu par un sens du spectacle évident et venant quelque peu brouiller avec intelligence les pistes quant à notre regard porté sur le « héros » : certes, celui-ci est un menteur et un escroc, appauvrissant encore plus des gens déjà dans le besoin. Mais à travers ce spectacle impressionnant et passionné, ne leur apporte t-il pas, même factice, un peu de bonheur, de joie dont ils manquent tant ? En faire qui plus est le personnage principal n'est pas anodin : c'est lui que l'on suit de bout en bout, cohérent avec lui-même et doté d'un charisme certain, Steve Martin, sans être forcément l'acteur le plus évident pour le rôle, faisant preuve d'une belle présence. Dommage que les seconds rôles, les belles Debra Winger et Lolita Davidovich exceptées (allez, on peut rajouter Liam Neeson) apparaissent régulièrement sacrifiés, mais surtout que cet improbable dénouement « divin » tombant comme un cheveu sur la soupe, venant presque mettre à mal tout ce qui avait été construit, développé auparavant. Cela fait vraiment solution de facilité, bottant en touche concernant la « prise de conscience » de Jonas Nightengale et ne répondant pas franchement aux intéressantes questions abordées précédemment. Bref, s'il serait injuste d'oublier les aspects éminemment positifs cités ci-dessus (et quelle musique ! Le gospel, c'est vraiment royal), voir « En toute bonne foi » terminer de cette manière a de quoi frustrer, au point de décevoir alors qu'il avait su jusqu'ici cultiver sa singularité au milieu du tout-venant hollywoodien. Vraiment dommage.