Avis sur Eternel tourment

D'après le roman de Sinclair Lewis, "Cass Timberlane" n'est pas ce qui se fait de mieux dans le mèlodrame hollywoodien où le remariage d'un juge de province (Spencer Tracy) semble mal parti! Assez bon spècialiste des comèdies musicales, George Sidney a surtout marquè le cinèphile à jamais dans le classique du film d'aventures : "The Three Musketeers" en 1948 et "Scaramouche" en 1952! Ici, le rèalisateur amèricain semble beaucoup moins à l'aise! Ne disons pas que cet « èternel tourment » est mauvais, mais que c'est l'un des moins bons de Sidney! La libertè n'est pas une question de mariage! C'est plutôt une lutte constante avec soi-même! Et une femme comme Virginia (Lana Turner) peut-être d'une grande aide! Cass (Tracy) n'est pas son juge, Virginia voulait sa libertè, se libèrer de ce piège! Elle pensait que Brad (Zachary Scott) aussi! Bref, Cass en sait plus sur lui-même! il ne sait pas ce que pense Virginia, mais si cela l'apaise et la satisfait de divorcer, il n'aura plus rien à dire...Heureusement tout se finira dans le meilleur des mondes possibles! il n'empêche que le film est bavard, parfois long mais il y a Tracy et Turner, deux acteurs qui expriment avec brio la vision du monde de Cass Timberlane et ces tourments de la vie...

Le plus gros défaut du film réside dans la frilosité de fond dans la traitement du sujet. Le cynisme y est trop occulter et on ne peut se dire quel film cela aurait pu être avec un réalisateur plus audacieux dans ce domaine. Heureusement une chose était soigné à l'époque, le scénario. En 2h de temps le récit est parfaitement écrit et nous conte une mini-fresque sur un couple avec tout ce qui fait le couple (rencontre, mariage, enfant, adultère, soucis professionnels, rêve, désespoir...). George Sidney signe un joli film solide à tous les niveaux mais qui manque justement de personnalité et de poils à gratter.

Un film bien gentilé. Aujourd'hui on appellerait cela un téléfilm. Cela sent bien le film de commande écrit pour faire évoluer les mentalités américaines puritaines à la fin de la guerre. Mais l'enveloppe sirupeuse (particulièrement la musique) en fait un film très daté. Heureusement le casting et surtout Spencer Tracy est là pour sauver les meubles.

George Sidney était un excellent réalisateur de films d'aventure. Pour preuves, "Les Trois Mousquetaires" avec Gene Kelly dans le rôle de d'Artagnan se permet d'être juste la plus réjouissante des (très très !!!) nombreuses adaptations de l'oeuvre mythique d'Alexandre Dumas et "Scaramouche" est carrément le meilleur film de cape et d'épée de tous les temps avec une séquence incroyable de duel final qui déchire. Par contre, pour ce qui est du mélodrame ça se discute. En tous les cas, c'est ce qu'"Éternel tourment" pousse à se dire...
On ne peut pas parler d'une réalisation particulièrement transcendante ici. Une mise en scène soignée comme pour tous les films MGM de l'époque qui se respectent mais c'est tout... Mais à la décharge de George Sidney, l'histoire n'est pas terrible non plus. C'est l'adaptation d'un roman de Sinclair Lewis mais écrit à une période où le Prix Nobel de littérature 1930 avait perdu depuis plusieurs années le talent qui a permis l'existence d'un chef d'oeuvre tel que "Babbitt".
Tous les rebondissements sont ici téléphonés. On voit vraiment tout venir à l'avance. On ne sort jamais vraiment de la caricature qu'on le peut se faire d'un mélodrame du point de vue scénaristique. Heureusement que le grand Spencer Tracy et la sublime Lana Turner dans les rôles principaux parviennent de temps en temps à mettre un peu de justesse dans telle ou telle scène.
Mais c'est vraiment un très mince lot de consolation surtout quand on sait qu'une autre adaptation d'un roman de Lewis a pu donner une oeuvre de la grandeur de "Dodsworth" de William Wyler. Non pour moi, le vrai Sinclair Lewis en littérature c'est "Babbitt" et au cinéma c'est "Dodsworth"...

Après une bonne ouverture avec la rencontre tracy, Turner, le réalisateur semble tâtonner, il ouvre des voies mais n'arrive pas à en tirer grand chose de consistant. Les acteurs finissent même par jouer en dedans.