Je crois que je pourrai écrire une critique de 10 pages tellement j'ai de choses négatives à dire sur ce film. Je vais me limiter pour ne pas lasser les lecteurs. Avant, il y avait les films-catastrophe où on avait peur pendant tout le film de la catastrophe qui pouvait arriver mais finalement peu de pertes étaient à déplorer car tout s'arrangeait à la fin. Puis est arrivé un nouveau type de film-catastrophe où le pire n'était pas évité, les pertes étant donc colossales mais on se servait de cette catastrophe comme d'un ressort pour le scénario et ce n'était donc plus l'aboutissement du film. "28 Jours Plus Tard" (Twenty-Eight Days Later), "Deep Impact" ou "La Somme de Toutes les Peurs" (The Sum of All Fears) sont de très bons exemples de ce nouveau type de films-catastrophe. Donc "Le Jour d'Après" n'invente rien, il entre dans cette dernière catégorie de films. Et ce n'est vraiment pas le meilleur ! Les 3 films pré-cités font davantage peur et sont davantage construits au niveau du scénario, des dialogues et de la profondeur des personnages car, oui, il est possible de travailler le scénario et les personnages même dans un film-catastrophe ! Surtout qu'un film-catastrophe fonctionne d'autant plus qu'il est réaliste, plausible. Alors, pourquoi aller le voir ? Uniquement pour les effets spéciaux : ils sont vraiment très bien faits, très convaincants (hormis les loups !) et ils valent à eux seuls le déplacement. Mais est-ce que cela suffit à faire un film ? Pas pour moi en tout cas. Au niveau des effets spéciaux, on a déjà vu de belles tornades dans "Twister" et la glaciation, très utilisée dans "Le Jour d'Après", est très à la mode en ce moment ("Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" utilise les mêmes effets spéciaux), si bien qu'on pourrait se demander si les studios d'effets spéciaux ne créent pas des effets spéciaux originaux pour les vendre ensuite aux studios qui créent des scénarios autour pour les réutiliser ;-) Cependant, même s'ils ne sont pas nouveaux, ces effets spéciaux sont grandioses et j'aimerai voir des reportages sur leur conception. Le problème, c'est leur intégration dans le scénario du film, trop extrême.
Par exemple, l'homme d'entretien qui n'entend pas l'immeuble où il se trouve s'effondrer car il a un casque de walkman sur les oreilles. Crédible ? La fuite du héros pour ne pas se faire rattraper par la glaciation fait davantage penser à "X-Men" qu'à un phénomène naturel. Pourquoi Hollywood tient-il toujours à ce que le héros n'échappe au danger qu'à une seconde près (la scène où le père a juste le temps de sauter verticalement dans un local pour échapper au froid et celle où on a juste le temps de refermer la porte derrière le fils pour stopper le froid qui glace la porte) ? A trois minutes près, cela serait beaucoup plus réaliste et tout aussi intéressant. Mais tout ça n'est rien à côté de la trame principale du scénario et des personnages. Il n'y a rien à redire sur les 30 premières minutes du film très rythmées et très intéressantes qui permettent d'aborder les arguments scientifiques et de présenter les personnages. Mais, après, c'est du n'importe quoi tant le scénario est à l'emporte-pièce. Quelques exemples ? - Le bon président américain n'était au courant de rien mais dès qu'on l'avertit de la situation désastreuse, il prend les bonnes décisions (annulation de la dette du Mexique aux USA pour permettre un exode massif des américains dans ce pays frontalier) et meurt héroïquement en quittant trop tard la maison blanche. - Le méchant vice-président qui devient président par accident et qui devient sympathique à la fin en faisant son auto-critique (en mettant les USA sur le même pied d'égalité que les pays du tiers-monde, si c'est pas "too much" comme happy end, ça, quand on connaît l'arrogance des USA envers les autres pays, industrialisés ou non !). - le SDF qui est intégré dans le groupe de survivants et qui donne des conseils sur comment se chauffer et où trouver la nourriture, ce n'est pas un peu démago ? - L'infirmière qui abandonne tous ses autres patients pour se consacrer exclusivement à un seul enfant leucémique (bonjour les clichés) alors qu'elle aurait été plus utile dans l'évacuation de l'ensemble de l'hôpital et dans les soins apportés aux nombreux blessés, - Le climatologue qui risque la vie de ses 2 collègues pour ne sauver qu'une seule vie, celle de son fils, vie qui est déjà sauvée (il lui a indiqué quoi faire par téléphone) et il arrive d'ailleurs trop tard. Il serait arrivé au même moment en hélicoptère s'il avait fui au Mexique pour revenir une fois la tempête passée et il aurait pu aider les autorités là-bas. En plus, le parcours en raquettes avec nuits sous la tente, c'est très réaliste comme Road-Movie !? J'aurai, à la rigueur, compris qu'il creuse un igloo dans la neige et qu'il se serve des loups d'un zoo pour atteler un traîneau ;-)) - L'exil de 150 millions d'habitants américains (la moitié sud du pays) en moins de 2 jours dans un pays qui est 5 fois plus petit que les USA et qui est déjà 1,5 fois plus peuplé au km2. Et on veut nous faire croire que cet exode massif représente seulement quelques tentes à la frontière ? Au fait, pourquoi passer la frontière si c'est pour rester juste derrière celle-ci ? Les mauvaises conditions climatiques ne passeront sûrement pas la frontière !? Au moins, dans "Deep Impact", on nous présentait l'organisation logistique de l'exode mais, là, tout se fait sans aucune image de l'organisation de l'exode si ce n'est un embouteillage de voitures, quelques américains passant la frontière mexicaine et y dormant. - La température qui baisse de 5° par seconde, 300° en une minute, ce n'est pas un peu exagéré, ça !? Je passe sur les allusions omniprésentes à Dieu (le scientifique qui conseille aux gouvernants de prier), sur l'écossais fan de Manchester United dans le match qui oppose cette équipe aux Celtics de Glascow (vu des États-Unis, ce sont deux équipes "écossaises" ou est-ce que l'Écosse et l'Angleterre sont un seul et même pays ?), sur les nombreux gros plans sur les drapeaux américains (fait-on des gros plans sur le drapeau français, nous, dans les films français ?), le sponsoring omniprésent de la marque "Fox" (Fox News), etc.
Au fait, la Tour Eiffel glacée abondamment utilisée sur les affiches de promotion ... Je ne l'ai pas vue dans le film ! Me serais-je endormi ;-) ou plus vraisemblablement n'est-ce qu'un argument marketing pour attirer les petits "frenchies" au Cinéma ? J'aurai pu ignorer tous ces aspects peu crédibles du scénario si le film avait été plus rythmé et que les personnages avaient eu plus de consistance mais sur cet aspect-là aussi on est proche du 0 (°C). Le casting fait d'ailleurs un peu "cheap" (seul Dennis Quais de vraiment connu et il est un peu sur le retour : ce n'est pas le plus cher des acteurs américains) ... Tout le budget serait-il passé dans les effets spéciaux ? Le film fait semblant d'être subversif :
une allusion aux accords de Kyoto non ratifiés par les américains et une petite remarque ironique sur l'immigration inversée à la frontière mexicaine et basta !
Le service minimum de la subversion en somme. N'est pas Michael Moore qui veut ... On ne peut pas vraiment parler d'un film engagé comme a pu l'être "Féroce" de Gille de Maistre (2000) contre le Front National. Les spectateurs américains qui sortiront du film n'y apprendront pas que leur pays est l'un des 2 plus gros producteurs de gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère (peut-être qu'un petit texte explicatif avant le générique final aurait été judicieux si le film voulait avoir des vertus pédagogiques ? Ne rêvons pas, il ne s'agit que d'un Blockbuster de studio hollywoodien !). Même si "Le Jour d'Après" est un cran au dessus de l'irréaliste et trop patriotique "Independance Day" (souvenez-vous, le président américain, lui-même, partant en avion de chasse combattre les aliens), pour moi, le meilleur film de Roland Emmerich en tant que réalisateur, c'est sans conteste "Stargate", et surtout le merveilleux "Passé Virtuel" (The Thirteenth Floor) qu'il a uniquement produit. Donc, à voir pour que ce que c'est : un pop-corn movie (vous pouvez manger des pop-corn sans problème, il n'y aucun dialogue important à entendre !), un film divertissant, un film bien "bourrin", un film relativement jouissif par ses effets spéciaux, un film où on ne s'ennuie pas sans être vraisemblable pour un sou et, en tout cas, certainement pas un bon film et encore moins un chef d'oeuvre, même si l'on se restreint au genre catastrophe ! Finalement, je suis quand même arrivé à écrire une critique d'une page et demie sur un film pareil ! Incroyable, non ? N.B. : cette critique a été rédigée en 2004 lors de l'exploitation au Cinéma du film.