Grand bien me fasse, j'adore les Bebel. C'est un peu l'instant "plaisir coupable", lorsque j'en regarde un. Et je revandique mes goûts; tout le monde devrait avoir vu un bon vieux Bebel à l'ancienne, un "Magnifique", un "Peur sur la Ville", ou un "Homme de Rio". Car contrairement à ce que beaucoup pensent bêtement et sans rien y connaître, les Bebel, c'est du cinéma, du vrai; en gros, c'est largement meilleur de ce que l'on peut faire de nos jours en matière de divertissement à la "française". De l'époque où les seconds rôles étaient bien plus que de simples sous-comiques en permission ( de Jourdan à Villeret, de Mondi à Lefevre, on était vraiment de Dubosc et autres Boon ), Belmondo tirait sa révérence avec ce métrage ci, avec ce "Solitaire". Le film marque donc la fin d'une époque, désormais révolue, et que l'on regrette sincèrement. Seulement, les adieux sont regrettables, tant pour le public que pour l'acteur, qui signera l'abandon de ce genre tant prolifique par une phrase profondément pessimiste, avançant que "Le Solitaire" était le film de trop. Le soucis, c'est qu'il eu raison de pronconcer cette phrase, le Bebel. "Le Solitaire" est, en effet, une oeuvre catastrophique, qui ne trouve d'écho à son mauvais goût que dans la déception qu'il confère au spectateur qui, d'un oeil embué de larmes, suit la déchéance en espérant constamment que le résultat ne s'enfonce pas encore plus dans la médiocrité abyssale des mauvais films de genre. Déja, le film est pourri par des détails bâclés et gênants. Premièrement, la mise en scène extrêmement simple, froide et banale vous laissera clairement sur votre faim. C'est pas passionnant, c'est long, mou, et le rythme, inexistant, vous empêchera d'y trouver un quelconque intérêt. Non seulement c'est gavant, mais c'est d'autant plus lassant que Bebel fait, à l'accoutumée, des films rythmés et puissament intéressants. Bien entendu, "Le Solitaire" sent le début de la fin ( de la faim? ). La bande son, classique, est sans envergure, et franchement inintéressante. Un point de plus qui gâche le résultat global. Ensuite, Bebel se révèle usé jusqu'à la corde, fatigué jusqu'à la moelle. Détail autrement plus gênant qu'il était censé constituer le point susceptible de sauver le film. Si lui-même ne vaut pas le coup, pourquoi perdre son temps à le visionner? Pour mieux argumenter sur son cas, je dois bien vous avouer qu'il fait clairement peine à voir. Lassé de sa carrière, gavé par trop de polars et de films d'action mineurs parmi les majeurs, Belmondo en a ras la casquette, et c'est que je le comprends fichtrement, le bonhomme. On l'a vu bien plus engagé, et beaucoup plus charismatique; à vrai dire, il manque cruellement de présence. Mince, c'est Bebel, quand même ... A signaler, également, que le bad guy est complètement foiré. Campé par un Jean-Pierre Malo pas crédible pour un soû, écrit avec le cul, joué avec les pieds, le bien nommé Charly ( c'était trop français de l'appeler Charlie, comme quelqu'un de normal? ) n'est guère convaincant, et terriblement ridicule. Certes, le mec a une sale gueule, mais il ne suffit pas d'être moche pour être un bon méchant. Allez dire ça aux films Asylum ... D'ailleurs, tant que j'y pense, le rythme est terriblement mal géré, et complètement démonté, annihilé par ce fichu gosse; insupportable supot de Satan, il imprègne le film de sa présence diabolique, pourrissant la pellicule à chacune de ses apparitions. C'est un vrai numéro, le type; "dés qu'il ouvre la bouche, du pul sort de mes enceintes". Ouais, c'est pas vraiment le top pour protéger son audition. Même les combats sont mous. Les dialogues tentent d'impressionner, de se la jouer feu Michel Audiard, mais quand tu vois comme ils sont vulgaires, approximatifs et maladroits, autant te dire que c'en devient un complet manque de respect. Ouais, c'est sûr qu'il essaie d'être badass, mais il en est juste vulgaire. Et puis mince, j'ai pas envie d'en parler plus longtemps. "Le Solitaire" est une daube infâme, pourrie par une mise en scène plate, des dialogues vulgaires, un Bebel usé et un montage pourrave. Une catastrophe.