Un couple, puis la prison. Au détour d'une alliance retirée dans un geste honteux, c'est tout un cadre familial que Caétano enlève aussi vite qu'il l'a construit. La rupture en est un écho qui résonnera longtemps contre les murs de la cellule. Ce sont quelques secondes pour le spectateur, mais l'homme la ruminera pendant des années. Un raccourci qui, d'entrée de jeu, est un arrachement plus violent même que la violence concrète représentée ensuite. On assiste en quelques images à la naissance du personnage et de toutes ses raisons d'être ainsi que d'agir.
Apaisant par contraste, le reste de l'œuvre a des airs de premier film très occupé à faire des œillades aux festivals. Il était en effet d'usage, dans les années 2000, d'être m'as-tu-vu dans le registre sociofamilial afin de décoller dans des pays au septième art montant, mais qu'à cela ne tienne : c'est la faute du système et Caétano a bien compris ce qu'il avait à faire pour alimenter la machine d'un cinéma nouveau. Le système ne l'empêchera d'ailleurs pas d'inventer le "truand empathique", ici l'Ours, personnage si novateur que sa philosophie, tenant pourtant en une ligne, doit être prononcée tout haut pour commencer d'être admise : "il faut aider les gens, ce n'est pas compliqué à comprendre".
Ce qui est plus compliqué à comprendre, c'est comment l'Ours justifie ce principe alors qu'il est un criminel. Ici, le cinéaste fait que derrière chaque geste, chaque attention et chaque instant passé à caresser l'amour familial du regard, il y a des explications muettes à ce paradoxe vivant que traverse le personnage. Un peu trop, car il y aura du déchet : des fausses pistes oubliées, par exemple.
Le film n'est alors pas vraiment violent ni familial ou politique, mais il pose en un chuchotement les questions sur la réinsertion et sur le poids que fait peser un emprisonnement sur la vie d'un homme. Rien de nouveau si ce n'est qu'il questionne la légitimité d'un criminel à assumer le rôle d'un parent en s'adressant au plus profond de nos valeurs morales.
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