Pas évident d'aller voir un film inconnu de 1971, mais c'est du Milos Forman, réalisateur de Vol au-dessu d'un nid de coucous plusieurs excellents films devenus classiques ou non. C'est une comédie, et 40 ans plus tard c'est toujours drôle, sur le fossé des générations, entre des ados et leurs parents surtout dans les usa des 70's, entre des adultes qui refusent d'admettre qu'ils s'étouffent dans leur sérieux conventionnel et des jeunes qui peinent à rendre sérieux et professionnel, adulte, leur dynamitage naïf et sincère du conformisme ambiant, pour changer l'histoire du cours des choses. Forman saisit la vitalité d'une époque qui paraît aujourd'hui sous bien des aspects ridicule, mais il a fait du ridicule une arme comique, un sujet de maîtrise du film. Il faut dire qu'il débarquait de l'autre côté du rideau de fer de la guerre froide. Cette contestation d'antan révoltait l'establishment en place, c'est ce qui en fait la force. Aujourd'hui la révolution finit directement en marketing publicitaire , les colères juvéniles sont inefficaces, il suffit de les canaliser dans les médias, et tout simplement de ne pas en tenir compte, sans s'en offusquer, et l'affaire est dans le sac. Le recul ironique du film, sous-entend la mélancolie profonde du constat du personnage principale sur son environnement, une adolescente qui semble prédire comment tout cela sera des années plus tard récupéré par la société, ce qui est normal, il faut que les gens digèrent les mouvements culturels lorsqu'ils sont porteurs de vérité fortes, mais hélas en ayant pris soin de bloquer, pour l'avenir, tout autre grand bol d'air frais sur les idées. Aujourd'hui on mange bio pour éviter le cancer, à l'époque on se libérait des contraintes sexuelles pour le plaisir, et on manifestait contre la guerre du vietnam, aujourd'hui on essaye de démêler, sur quelques sites internets plus qu' à la télé, les guerres qu'on laisse pourrir comme en Afghanistan des guerres économiques qui dévastent les vies ordinaires, entre religieux de la finance qui construisent des châteaux de carte de produits non remboursables et assurés pour l'être sans pouvoir l'être, dont les fondations s'enfoncent dans l'exploitation des pays anciennement colonisés. Ca n'est pas dans le film, mais 40ans plus tard on vient de là, que ça plaise ou non, leurs naïvetés ont mal fini, on s'en serait douté, peut-être, à l'époque, mais pour les indifférences d'aujourd'hui prête à se réfugier derrière un démago politique ou l'autre, ça se devine aussi. Film nostalgique même quand on est né bien plus tard! Sacré Milos!