Votre avis sur L'Homme sans passé ?
3,0
Publiée le 3 avril 2017
Surévalué par la presse, "L'homme sans passé" n'en reste pas moins un beau film, qui réussit à dresser un constat social lucide, sans manichéisme ou caricature. L’idée de retracer le parcours d’un personnage qui a perdu la mémoire, cela revient à filmer un non-individu, un être dépossédé de ses droits qui doit survivre dans la rue et se lier pour pouvoir se réinsérer et découvrir qui il est. Et la façon dont Kaurismäki filme à la fois la solidarité entre les laissés-pour-compte et la relation de méfiance entre le personnage principal et son propriétaire rend bien compte de la complexité de la situation dans laquelle se trouve cet amnésique, sur le fil de l’exclusion totale mais en même temps sauvé par sa rencontre avec Irma. Menant habilement ses trajectoires humaines, sociales et amoureuses, le film a pourtant tendance à se perdre dans son humour à froid trop illustratif et utilisé de façon mécanique, dégageant ainsi une impression de fixité qui serait la conséquence d’un rythme pour le coup trop indolent. "L'homme sans passé" est donc un film devant lequel on peut s'ennuyer mais qui touche par son humanité.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 4 octobre 2014
Kaurismaki réinvente le feel-good movie en mixant des ingrédients qui se prêtent bien peu à ce genre délicat : le contexte est sordide, les héros sont des déclassés qui ne décrochent jamais un sourire et l'humour est très pince-sans-rire. Un petit miracle
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 20 novembre 2014
L'histoire d'un homme qui oublie son passé à l'issue d'une agression ou d'un accident, c'est bien banal, mais quand on s'appelle Aki Kaurismaki, les histoires banales sont les histoires racontées par les autres. La réussite totale de ce film est la preuve que l'optimisme n'est pas nécessairement le reflet d'un manque d'intelligence, en matière de cinéma tout du moins, et que le spectacle d'un homme déchu qui peu à peu retrouve la place qu'il mérite peut être salué avec au moins autant d'enthousiasme que les tragédies réalistes qui démontrent à tout va l'impuissance de l'homme devant la folie du monde.

Le récit suit donc la trajectoire d'un homme laissé pour mort par trois autres et qui à son réveil ne se souvient de rien. Il est recueilli par d'autres laissés pour compte qui vont l'aider à retrouver un toit, des amis et une raison de vivre. La fraternité qui relie ces hommes et ces femmes est filmée par Kaurismaki avec une pudeur et une retenue qui permet au spectateur de se laisser gagner peu à peu par une émotion pure et sincère. L'humour poétique qui irrigue les dialogues et les images du film permet le maintien d'un équilibre entre la description d'un quotidien tragique et la proclamation d'un message d'espoir comme en témoigne ce dialogue entre le protagoniste et un SDF qui vient de l'aider à aménager de l'électricité dans le container qui lui sert de logement:

"- Qu'est-ce que je vous dois?
- Si vous me voyez face contre terre dans un caniveau, retournez moi sur le dos."

Un chef d'oeuvre de révolte contenue.
3,5
Publiée le 25 juillet 2016
Une plongée dans le monde des déshérités, des petits où l'homme oublie sa pauvreté pour l'amour d'une femme.
Jolie et dépouillé, humour pince-sans-rire mais film d'une grande douceur et humanité.
3,0
Publiée le 9 juin 2020
Une oeuvre touchante et poétique, servie par un humour décalé et fantaisiste. Grand prix du jury à Cannes.
4,0
Publiée le 9 avril 2017
Toujours cet aspect sans âge, cette froideur dans les images et ce cadrage de fou avec jeux de lumières. Des personnages incroyables et des dialogues qui font mouche. La Finlande nous emporte dans ce tourbillon de la vie de ces exclus et on reste scotché du début à la fin. Superbe
3,5
Publiée le 28 janvier 2020
Lent et même parfois très lent, ce film réussi pourtant à ne jamais devenir chiant. Au contraire il nous attire petit à petit dans son univers et on y passe un moment à part et pas désagréable.
3,5
Publiée le 2 octobre 2016
Un film qui a tout pour faire pleurer, pourtant, c'est l'effet inverse qui se produit. L'homme sans passé procure une sensation original, le sourire est à la fois tendre et mélancolique. La musique réconforte, berce et enjolive les minutes de ce long métrage. Grand coup de chapeau aux comédiens, la délicatesse c'est trouvé une définition. Je vais me dégoter le reste des films de cet Aki Kaurismaki, apprendre à mieux le connaitre pour mieux savourer celui-ci la prochaine fois ...
3,0
Publiée le 22 août 2020
Ah, un film de Kaurismäki qui n'est pas une fin en soi. En faisant son arrivée dans les années 2000, le réalisateur finlandais apporte avec lui une étrange bulle de vide. Lui qui représentait une Finlande solitaire du temps de l'URSS, on le sent plus seul que jamais alors que son pays se tourne enfin peu à peu vers l'Ouest.

On croirait l'artiste abandonné par le chez-lui qu'il a passé deux décennies à dépeindre sous ses coutures les plus glauques. Comme si une prophétie venait de s'accomplir que le réalisateur, jusqu'ici, semblait froidement rêver de provoquer.

Isolé par un monde soudain ouvert, son humour noir s'imbrique étrangement bien dans ses personnages inexpressifs qui font pour une fois de leur mieux pour propager la gentillesse. Pour la première fois depuis Leningrad Cowboys Go America (qui lui aussi échappait au pays du grand Nord puisque, comme son nom l'indique, il a été tourné aux États-Unis), l'œuvre de Kaurismäki n'est pas en circuit fermé.

Sans changer de style ni se trahir, et en restant même dans son cher thème de l'évasion (même si elle est involontaire puisque le thème est une amnésie), Kaurismäki arrive à rejoindre un courant cinématographique qui le réconcilie enfin avec la modernité. Celle-ci commençait de lui faire cruellement défaut, au moins graphiquement, depuis une décennie.

Explorant du même coup la cruauté d'être un paria et, avec humour, le peu de complications qu'il y a à avoir oublié son nom en Finlande, il ne cesse donc de se renouveler.

→ https://septiemeartetdemi.com/
5,0
Publiée le 27 mars 2017
Une fable magique, un merveilleux moment de cinéma, bouleversant, suprêmement intelligent, jamais désespéré bien que lucide, optimiste et plein d’un humour discret mais décapant. Aki Kaurismäki fait un pied de nez aux « valeurs » actuelles et fait revivre un déchu intégral (même plus de nom !) par la générosité et l’altruisme simples de gens simples, de cœurs simples mais ô combien dignes et grands ! Et ce survivant, sans le moindre abattement, reconstruit une vraie vie dans une sorte de sérénité que rien n’entame car son regard est innocent et qu’il présume que la bonté est en toute personne. Belle morale. Une superbe mise en scène du Finlandais qui a ce génie de réenchanter n’importe quelle situation ou décor sinistres. Quant à l’interprétation, elle est superbe de la part de tous, acteurs souvent anonymes, et surtout évidemment de la part des deux héros (dont la femme, primée à Cannes).
3,0
Publiée le 24 août 2022
Une curiosité sympathique avec un humour grinçant très subtil et pince-sans-rire. Mais rien d’extraordinaire non plus, faut pas exagérer.
3,0
Publiée le 14 avril 2024
Sur un scénario assez simple, Aki Kaurismäki réalise un film dur mais très beau, malgré certains aspects qui ne m'ont pas convaincu. Les acteurs campent leurs personnages avec talent. Le fragile destin de M, un homme battu et laissé pour mort par des loubards, est magistralement incarné par Markku Peltola. Le film célèbre la marginalité et n'est pas tendre avec la société et les institutions, qu'il ridiculise ou dénonce dans plusieurs scènes réussies. Ce qui m'a dérangé, c'est le parti-pris formel du réalisateur qui s'est traduit par des dialogues invariablement ironiques. Les sympathiques touches d'humour qui en résultent se paient par un regrettable manque de naturel : par exemple les multiples poignées de main de protagonistes qui se tournent aussitôt les talons, ou les retrouvailles de M avec son ex-femme et le dialogue avec son nouveau compagnon.
2,5
Publiée le 15 avril 2021
Suite à une agression un homme perd totalement la mémoire et va continuer sa vie presque comme si de rien n’était au contact de personnages très hétéroclites. J’ai trouvé le film assez léger, sympathique à suivre à défaut d’être vraiment prenant. Il a un côté rêveur à l’image de son personnage qui traîne, qui mène sa vie tranquillement en flânant sans vraiment rechercher qui il était avant. Je ne peux pas dire que ça m’a captivé mais il se laisse bien suivre malgré un rythme assez lent.
4,0
Publiée le 22 juin 2017
Tabassé à la sortie d’un train, un homme dont le spectateur ne connait rien de son identité, perd la mémoire. Il erre dans une zone industrielle et repart à zéro : un logement… dans un container, des amis… les sans grades locaux, une amoureuse… bénévole au secours populaire, un boulot… job alimentaire,… Et c’est bien çà le thème du film : faire erase et pouvoir redémarrer, dans la vie, vierge de tout. Un fantasme pour beaucoup porté ici par le poète finlandais Ari Kaurismaki sur un ton positif qui lui est cher. Pas de traitement larmoyant. Une belle pierre à l’édifice de l’œuvre de Kaurismaki qui reprend tous les codes de son cinéma : petites saynètes tendres et délicates captant l’humanité des petites gens, des dialogues subtils, une mise en scène soignée transformant chaque plan en peinture, une lumière et un cadre toujours au millimètre, un mélange de moderne et de vieillot rendant ses films intemporels,… Et surtout sa marque de fabrique, c’est le ton de la fable à la frontière entre Chaplin et Tati. Lui l’amateur du muet emprunte à Chaplin la chaleur et la ruse et Tati l’art de l’absurde. Et là encore il incarne le fils scandinave de ce dernier en mettant le doigt sur les dysfonctionnements du système, bête, ubuesque, technocratique, aveugle ; et le travail de sape du capitalisme ; l’homme subissant le système.
A voir comme un élément d’une œuvre singulière où l’art de sublimer les petits riens guide tous les choix artistiques.
mon blog: tout-un-cinema.blogspot.fr
3,5
Publiée le 6 février 2025
Ses intrigues sans passion ni éclat, ses personnages taciturnes et inexpressifs fondent le style d'Aki Kaurismäki. C'est de cette manière bien identifiable que le cinéaste raconte l'histoire d'un homme sans passé, c'est-à-dire sans mémoire depuis qu'une récente agression l'a rendu amnésique.
Kaurismäki montre comment cet homme désormais sans identité et sans davantage de ressources est automatiquement exclu de la société, indifférente à son cas, et comment il tente de survivre, de se reconstituer sur ce terrain vague, avec pour voisins et compagnons ces autres marginaux incarnant le quart-monde finlandais ou plus largement l'humanité des réprouvés tout entière.
Le contexte est sombre mais ne relève pas cependant du mélodrame. D'une part, parce que son épreuve amorce peut-être pour l'homme sans passé une renaissance; d'autre part parce que l'humour n'est pas absent du récit à travers -exclusivement- la mise en scène et la direction d'acteurs. De l'austérité stylisée, de la gravité ou de l'affliction affichée des personnages nait une expression d'irréalité qui confine au cocasse. Le réalisateur introduit une imperceptible dérision dans un contexte de désolation et de déréliction, procédé qui résume peut-être sa sombre vision de l'humanité.
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