Film choc, à la réalisation moderne, audacieuse, énergique, "La Cité de Dieu" est une réussite violente et poignante. Sujet fort, bien entendu, inspiré de faits réels, l'univers des favelas, à Rio, ces bandes de jeunes d'une génération perdue, celle des gosses pauvres des favelas, qui ne se feront un nom que dans la criminalité. Le sujet, le fond est bien maitrisé. Le film s'apparente à une fresque moderne, qui dépeint deux périodes, les années 60 et les années 70, leur enfance, et leur jeunesse. Présentant des personnages fascinants, pleins d'humanité, comme Fusée, qui rêve de devenir photographe professionnel, ou cruels et détestable, comme le jeune Petit Zé, qui voulait être et sera le plus grand criminel de Rio. La forme est attirante malgré ses quelques scènes trop "clip", qui défilent à toute vitesse, tel un zapping télévisuel. Ce parti pris du réa marche cependant, dans la mesure où on entre en immersion grâce au montage nerveux, énergique et à la mise en scène réaliste. Filmé toujours caméra à l'épaule mais proposant une photographie somptueuse où les couleurs, les lumières des favelas et de Rio séduisent immédiatement le spectateur, "La Cité de Dieu" est captivant. Les scènes impressionnantes s'enchainent très vite. On ne peut qu'être bouleversé par des séquences comme celle où Petit Zé attrape deux gamins d'une bande de jeunes délinquants et leur loge une balle dans le pied. Le plus petit qui pleure, comprenant alors qu'il n'a rien à faire dans ce milieu, qu'il n'est pas de taille, qu'il n'a pas les épaules pour supporter un tel mode de vie, qu'il a peur de mourir. Puis vient le moment où Zé demande à un gamin de faire ses preuves et de choisir d'abattre un des deux gosses. Cette terrible scène marque. Il y a aussi le début où l'enfant, encore appelé Petit Dé, frustré d'être mis à l'écart, liquide les clients de l’hôtel à lui tout seul. En fait, les scènes fortes ne manquent pas dans ce film. Le point fort du petit bijou de Meirelles réside finalement dans son montage intelligent, la structure du récit, les scènes qui se rejoignent à plusieurs reprises, sous différents angles, et sa trame narrative captivante, toujours haletante, sans répit. Un film contemporain fort, au potentiel artistique honorable.