Film de Wes Craven sorti en 1981, que j'ai mis pas mal de temps à voir, est finalement très bon ! Effectivement, j'ai mis du temps à me lancer dedans car il est déjà assez mal noté, à la fois par la critique presse et publique mais également car, si j’apprécie beaucoup le réalisateur, je ne suis pas fan de ses premiers films, en particulier de "La Dernière maison sur la gauche" et de "La Colline a des yeux" dont je préfère les remakes. Ici, on reste en plus un peu dans le même délire que le dernier cité puisque l'on y suit trois jeunes femmes habitant dans une ferme isolée de tout ayant pour seuls voisins des Amish, enfin des Hittites. Et il se passe des choses étranges ! À mis chemin entre le slasher et le folk horror, Craven réalise en réalité un film assez original, qui répond aux codes des deux genres précédemment cités mais en y incorporant d'autres petites touches, le faisant sortir du lot. Pour le côté slasher, on y retrouve un peu de "Vendredi 13" mais également des touches de giallo (je pense notamment à la scène dans la Mustang avec la lame qui brille etc.) et le côté folk horror fait un peu penser aux "Enfants du Maïs", pourtant sorti après (ce dernier ayant donc peut-être repris certains éléments du film de Craven mais en même temps, il est très fidèle à la nouvelle de Stephen King, sortie quant à elle à la fin des années 70) mais dont on retrouve la même ambiance pesante, ce côté désertique, ce côté cultes et puis le thème musical y ressemblant beaucoup. On retrouve également des prémisses des "Griffes de la Nuit", Craven y abordant déjà, d'ailleurs avec d'excellentes scènes, le thèmes des rêves, ou plutôt des cauchemars, et en réalisant déjà ce plan qui deviendra mythique, celui de la baignoire ; le serpent passant entre les jambes de l'héroïne laissera ensuite sa place à la main gantée de Freddy dans "Les Griffes de la Nuit", toutes deux paraboles du viol ou en tout cas d'une sexualité masculine agressive. Mais le réalisateur y aborde également la peur de l'autre, le monde moderne face à un monde passéiste et met en parallèle les peurs de chacun, ce qui donne donc un truc finalement pas si bête et méchant que ça. Et puis en dehors de tout ça, même si les meurtres se font rares, le film est rythmé par son ambiance, excellente et oppressante. Concernant les acteurs, tout le monde joue bien (même Ernest Borgnine, pourtant nominé aux Razzie Awards) et nous retiendrons bien-sûr Sharon Stone car elle a les meilleures scènes (encore une fois, celles des rêves et celle de la grange) et puis c'est tout simplement la seule qui fera carrière. "La Ferme de la Terreur" n'est donc pas le meilleur film du réalisateur mais reste bien trop sous-côté !