Les Distractions c’est un film simple, sobre, sans génie mais relativement divertissant, qui ne restera qu’assez peu mémorable sans pour autant déplaire. Bref, un film mineur qui se laisse voir sans marquer. Belmondo joue un rôle taillé sur mesure pour lui, bondissant, gesticulant, casse-pied parfois, mais sympathique malgré tout, hâbleur, personnellement ce personnage ne va pas tout à fait me réconcilier avec l’acteur que je trouve toujours trop excessif et caricatural, mais à la limite, pour jouer ce rôle, il était indiqué ici. Claude Brasseur m’a davantage convaincu, plus dans la mesure, plus dans la sensibilité, on le sent plus dans le drame qu’est le film. Il y a aussi quelques bons seconds rôles, même si les personnages féminins, intéressants en terme de personnalités et bien campés, n’ont en définitive qu’un rôle mineur à jouer.
Le scénario est très simple. Le film commence vite, il est court, l’intrigue n’a rien de spécialement original et on peine un peu à comprendre comment Brasseur se met dans un tel pétrin (le point de départ du film ne le justifie jamais, Brasseur fuit mais pourquoi ?). Si les 20 premières minutes sont attrayantes, ainsi que les 20 dernières, je dirais que le film possède dans le milieu un moment de creux. On ne se concentre plus sur les aléas du personnage de Brasseur, mais sur les aventures amoureuses et professionnelles de Belmondo, ce qui n’est pas particulièrement enthousiasmant. Pour le coup l’abattage de l’acteur permet quand même quelques séquences honnêtes servies par des dialogues affutés. Mais enfin, il n’y a rien de très mémorable dans l’histoire et son déroulé global.
Visuellement, le film est surtout servi par de beaux plans du Paris des années 1960, notamment une séquence de mode tournée en pleine rue. La photographie est belle, d’un noir et blanc très pur, le choix des décors est habile (le bar le Curieux) et la ville de Paris est bien mise en valeur. Cela dit, la mise en scène est assez plate et déception, l’ambiance musicale du film est très terne, sauf à quelques moments trop rares (le passage espagnol). Il n’y a vraiment que trop peu de choses de ce côté-là.
De mon point de vue Les Distractions retiendra surtout l’attention pour l’époque qu’il fixe plus que pour son intrigue. Certes servi quand même par un Claude Brasseur convaincant face à un Belmondo qui ravira les fans de l’acteur, le métrage est aussi visuellement proprement produit, mais il manque de punch, d’audace, et le scénario reste basique. Il n’arrive pas vraiment à transcender cette amitié jusqu’auboutiste car il se disperse en explorant « les distractions » de Belmondo justement, et il hésite trop entre la comédie et le drame pour réussir pleinement dans l’un et l’autre. 2.5