Les Enfants de la Pluie
Un film de Philippe Leclerc
Sur un scénario librement adapté d’un roman de Serge Brussolo, A l’image du Dragon, Philippe Leclerc a donné vie aux magnifiques dessins de Philippe Caza.
Présenté il y a cinq mois en avant-première mondiale au 10ème Festival du Film Fantastique de Gérardmer, Fantastic’Arts, le film d’animation a été accueilli à bras ouverts par une bonne centaine d’écoliers de la Perle des Vosges, invités pour l’occasion. Les réactions enthousiastes reflétèrent avec justesse la qualité du spectacle.
L’histoire contée dans le dessin animé renvoie à des événements maintes fois ressassés, répétés à travers l’Histoire. Il y est question de croyances ancestrales, de haine entre les peuples et de manipulations auxquelles s’adonnent les dirigeants du Monde. La xénophobie guide en effet les relations existant entre les deux peuples opposés du film. C’est cette même xénophobie, unilatérale, qui permet aux détenteurs du pouvoir de justifier leur soif de conquête ; l’ignorance des masses y contribue aussi grandement.
D’un côté, il y a les Hydross, de l’autre les Pyross. Sur une Terre qui ne connaît que deux saisons –la saison sèche et la saison des pluies- ces deux peuples s’affrontent. Durant la saison sèche, la température monte à 70 ° et tout la végétation s’assèche ou brûle. La vie se calfeutre dans des souterrains, alors que le monde se transforme en un désert où seules les nuits sont relativement froides. La saison des pluies, elle, se profile avec l’apparition de brumes sur l’horizon, suivie par quelques averses sporadiques. C’est ensuite le temps d’une pluie battante vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Alors que pour les Pyross, adorateurs du soleil, l’eau n’est que mort et désolation, c’est exactement l’inverse pour les Hydross : si le feu du soleil les change en statues, seule la pluie bienfaitrice peut les ramener à la vie. Dans la première partie du film les spectateurs font la connaissance exclusive des Pyross Le metteur en scène suscite ainsi la curiosité, tout en ménageant le suspense. Les Pyross sont un peuple gouverné par un illuminé tyrannique, Razza. Celui-ci fait évoluer ses sujets dans un monde de haine. Dirigés par la cupidité de leur tyran, les Pyross n’ont rien d’autre à lui opposer que leur ignorance. Du coup, Razza leur ment et les envoie à la « guerre sainte », car il faut, dit-il, éliminer tous les Hydross. Cependant, des Pyross s’interrogent…
L’évolution de l’intrigue se fera par le biais d’une histoire d’amour entre un Pyross et une Hydross. Au travers de multiples péripéties, cet amour bousculera l’ordre établi et ouvrira l’esprit de l’ensemble du peuple Pyross. De la réunification des deux peuples naîtra un monde que l’on devine meilleur.
La force des Enfants de la Pluie réside à la fois dans un graphisme et des couleurs d’une grande richesse, et dans un discours universel. Le film se fait en effet le défenseur de la tolérance, en illustrant les excès auxquels peut mener le fanatisme. C’est d’ailleurs cette caractéristique principale qui amène le cinéaste Philippe Leclerc à qualifier son film de politico-social, avant d’être un film de science-fiction ou une épopée d’héroïc-fantasy.
Le film plaira donc à un public jeune, mais également à une audience plus avertie