Par où faut-il commencer lorsqu'il s'agit de parler de "Sinbad, la légende des sept mers" ? Car il est le cinquième et dernier long-métrage d'animation 2D réalisé par Dreamworks, son peu de succès en salles ayant en effet précipité la décision d'abandonner le secteur 2D comparativement à l'immense succès remporté par "Shrek" deux ans auparavant. Faut-il l'aborder sous l'angle de la nostalgie ? J'en suis personnellement incapable. Faut-il l'aborder sous l'angle du conte des Mille et Une Nuits ? Non plus, le film de Dreamworks
s'en émancipe complètement
. Faut-il le comparer à d'autres films sur le même thème ? Sans doute pas, il en serait totalement pénalisé. Alors, si on parlait de "Sinbad, la légende des sept mers" pour le film d'aventure qu'il est ? Oui, c'est sans doute la seule bonne approche à avoir avec ce film. Dreamworks fait un pari assez audacieux avec "Sinbad, la légende des sept mers", tout comme l'avait fait Disney avec "Hercule" en 1997 : seuls
quelques éléments de la mythologie originelle ont été conservés
afin de proposer une fiction se suffisant à elle-même et qui s'affranchit complètement de toute limite. Les amateurs de la légende de Sinbad crieront à raison à l'hérésie pure, d'autant plus que l'action du film est transposée, non
pas dans l'Orient comme on le supposerait en toute logique, mais plutôt du côté de la mythologie grecque
. Ce sentiment est d'ailleurs corroboré par la présence de Eris qui est
la déesse de la Discorde, dont la personnalité est capricieuse, et qui est descendue du Mont Olympe pour jouer de vilains tours aux humains si prévisibles
. "Sinbad, la légende des sept mers" fleure donc surtout le film d'aventure des années 50 et 60 à l'image de "Jason et les Argonautes". Un choix kitsch pourtant fortement assumé dans le film, qui alterne d'ailleurs un mélange de technique d'animation pas forcément heureux. A l'image des célèbres squelettes du film de 1963, les monstres animés en 3D accusent aujourd'hui clairement leur âge donnant un cachet fané au film. Ce film d'animation est un film relativement culotté dans la mesure où il se fait un malin plaisir à casser tous les codes de l'animation 2D. Les protagonistes nous sont présentés de façon brute et directe, même si Dreamworks a du mal à se défaire d'un cliché disneyen : l'acolyte animalier, en l'occurrence Spike. Le film n'échappe pas non plus aux gags bas de gamme, voire vulgaires, hérités sans nul doute de l'ère post-"Shrek". Enfin, le scénario du film pioche dans quelques-unes des aventures de Sinbad, mais dans un contexte complètement différent. C'est le cas par exemple du Rokh, devenu
au passage un oiseau de froid (alors que c'est un oiseau de feu normalement) ou du monstre marin ressemblant à une île. Du côté de la mythologie grecque, le film emprunte en partie la légende du Tartare pour en faire le repaire d'Eris et façonne la plupart de ses personnages de l'Odyssée d'Homère
. Malgré ses plagiats évidents, reconnaissons que "Sinbad, la légende des sept mers" parvient à se forger son caractère propre, principalement parce que les personnages se révèlent tous charismatiques et attachants. Totalement prévisible dès sa première apparition, Sinbad s'impose pourtant assez vite dans le long-métrage, car son côté désinvolte l'emporte sur les différents choix qu'il va faire durant son aventure. Marina apporte clairement une bouffée d'air frais dans le film, en ayant une personnalité forte et réfléchie, à l'histoire. Se sachant désirable, elle n'hésite pas à mettre à profit ses atouts pour renverser certaines situations. Proteus, très en retrait dans le film, permet également de jouer sur
l'inaliénable triangle amoureux présent dans tous les films d'aventure dignes de ce nom
. Kale reste le bras droit typique qui suit partout son chef sans se poser la moindre question, tandis que le Rat jouera les bouffons de service. Bref, globalement la même chose qu'un certain "Pirates des Caraïbes" sorti la même année. Dreamworks fait un choix heureux concernant la bande-son de son film : ils suppriment ainsi totalement les chansons dans ce film. Harry Gregson-Williams signe sans nul doute une excellente partition qui sied à merveille au récit de "Sinbad, la légende des sept mers", sans être toutefois aussi mémorable que James Newton Howard pour "Atlantide, l'empire perdu" et "Dinosaure", mais qu'importe. On y trouve des titres mystérieux qui côtoient des musiques symphoniques, ainsi que de sympathiques balades. Un festival auditif en somme. Bonne pioche aussi du côté de la version française, particulièrement pour Patrick Bruel qui s'en sort admirablement avec Sinbad, ce dont j'avais fortement émis des réserves avant de voir le film. Excellente surprise également pour Monica Bellucci sur Marina, décidément très à la mode en cette année 2003, grâce notamment à son rôle pourtant limité dans "Matrix Reloaded" et sa suite. "Sinbad, la légende des sept mers" est donc un film d'animation tout à fait agréable. Action, aventure, humour; les éléments typiques d'un bon film sont présents pour un résultat ensorcelant aux images très belles. L'histoire est divertissante à souhait et on ne s'ennuie pas. L'histoire est celle de
Sinbad, un pirate mercenaire passant son temps à voler les richesses du royaume qui, suite aux actes d'Eris, la déesse de la discorde, se retrouve accusé d'un vol qu'il n'a pas commis, le vol d'un des trésors les plus convoités du royaume : le Livre de la Paix. Notre capitaine s'embarque alors dans une odyssée périlleuse à travers les sept mers dans le but de le rapporter sous peine de l'exécution de son vieil ami, le prince Proteus, dans un délai de 10 jours. Mais pour atteindre le royaume d'Eris, il devra surmonter de nombreuses épreuves qui dépassent tout ce qu'il avait imaginé
; voilà pour le pitch global du film. Le héros Sinbad ressemble beaucoup à Flynn Rider; il est manipulateur, voleur et un brin séducteur, même physiquement j'ai trouvé qu'il avait un air. Les autres personnages eux sont plutôt des stéréotypes mais sont utiles pour l'arrière-plan humoristique et le personnage de Marina, la seule fille de l'équipage, est attachant de par son intrépidité à toute épreuve et le simple fait qu'il s'agisse d'une femme, ce qui fait d'elle le genre d'héroïne qui me plaît dans la mesure où on a pas une énième cruche bonne à se faire protéger par le héros mais une femme qui va à l'encontre de son destin pour vivre pleinement son rêve. Cependant l'histoire d'amour entre Sinbad et Marina est absurde, et gâchera le film pour toutes les personnes attachées aux bonnes mœurs. Venons-en maintenant au doublage, on retrouve pas mal de célébrités que ce soit au niveau de la VF ou de la version originale. En VO on retrouve Brad Pitt (Sinbad) et Catherine Zeta-Jones (Marina), et au niveau du doublage français on retrouve Patrick Bruel (Sinbad), Monica Bellucci et aussi la voix unique de Marc Alfos pour le personnage de Kale (l'un des marins). En plus le film nous montre un assez bon exemple de morale sur l'honnêteté et le fait qu'il faut vivre en poursuivant ses rêves. Et puis je dois dire que ça fait assez plaisir de revoir un dessin animé en 2D, j'ai rien contre ceux en 3D bien au contraire mais c'est très agréable de changer de style de dessin. Au final "Sinbad, la légende des sept mers" ne vaut pas un Disney et perd pas mal sur le plan de l'originalité mais n'en reste pas moins un film d'animation très agréable, sans prétention avec son côté aventure et son univers fantastique qui ravira petits et grands; c'est un petit plaisir à déguster sans faim. Au final que doit-on retenir de cet ultime long-métrage 2D des studios Dreamworks ? Qu'il s'agit d'un agréable film d'aventure mâtinée de mythologie. Agréable d'un bout à l'autre, même s'il reste foncièrement prévisible, "Sinbad, la légende des sept mers" est somme toute une bonne surprise qui ne transcendera pas le cinéma d'animation, mais qui se laissera revoir avec plaisir de temps à autre. Dommage que le héros soit parfois très détestable par moments