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JR Les Iffs
74 abonnés
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5,0
Publiée le 24 janvier 2016
Oeuvre lyrique, baroque, presque hystérique de Zulawski. Le film raconte, sous forme de conte ou de légende, un morceau de l'histoire de la Pologne, par l'intermédiaire d'un aristocrate qui lutte pour la liberté mais qui est sous l'influence du...diable. Il s'ensuit de nombreux meurtres, assassinats, viols et autres vilenies. Si le fond est assez complexe et parfois obscur, la forme est par contre très impressionnante par son lyrisme, son dynamisme, son inventivité. La réalisation est excellente, d'une grande force visuelle et d'une poésie étonnante : la cruauté de certaines scènes, les décors, les demeures, la nature et les paysages, la musique très appropriée. Un film d'un grand esthétisme.
Le style hystérique et saccadé de L'Amour braque m'avait dégoûté au plus haut point du style de Zulawski pourtant je me lance dans Le Diable car le sujet est totalement différent et j'étais curieux de voir une de ses oeuvres datant de sa période polonaise et je découvre un véritable chef-d'oeuvre. Un film baroque, d'une folie contagieuse avec toujours son côté hystérique mais qui sert ici parfaitement son histoire, Le Diable n'est pas sans rappeler l'ambiance des films d'Alejandro Jodorowsky par cette approche décalé et démentiel ; on suit le parcours d'un jeune Polonais dont le pays vient d'être envahi par les Prussiens et tout au long du film il sera suivi par un bonhomme qui est soit le Diable en personne soit une projection de son esprit. On est surpris du ton libre et amoral de Le Diable surtout en sachant qu'il a été réalisé dans une Pologne encore sous la coupe communiste. Une oeuvre magnifique à découvrir d'urgence.
Le Diable s'agit sans doute du film de Zulawski à travers lequel la théâtralité est la plus marquée, la plus généralisée. C'est aussi celui où la notion de personnage est davantage questionnée, le cinéaste opérant par une symbolique considérablement utile à une compréhension de l'oeuvre, même partielle. Film étonnant, épique et mâtiné d'absurdités Le Diable ressemblerait à une gigantesque pièce de théâtre à ciel ouvert de laquelle un personnage se détacherait par sa virginité empirique, épaulé d'un oracle manipulant à sa guise cette même virginité. Faustien en diable, le second long métrage de Zulawski n'en finit pas de gagner de l'ampleur scène après scène, plan après plan ; tel un huis-clos sartrien l'Enfer vécu par le héros résiderait peut-être dans l'Altérité, dans un Monde où chaque homme et chaque femme ne seraient qu'acteurs, interchangeables et inconnus...? Le protagoniste, issu d'un cloître et sans bagages, jouera la pièce sans trop comprendre, tâtonnant, souffrant et tuant, comme un instrument du Malin. La mise en scène zulawskienne réserve déjà de superbes éclats de cinéma, comme ces longs travellings décomposant l'espace naturel tenant lieu de décor... La bande originale, quant à elle, joue sur un mode quasi expérimental connotant encore plus ce pur objet de fascination. A re-découvrir.