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selenie
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4,0
Publiée le 4 octobre 2022
Le destin de ce Albert Redl est passionnant car relie en filigrane deux événements historiques majeurs, l'affaire Dreyfus en 1894 et l'entrée en guerre de 1914, et entre deux le déclin de l'empire austro-hongrois des Habsbourg. Un empire énorme et multi-etnique ce qui n'est pas une sinécure dans une époque où les nations s'éveillent et où la géo-politique est une vraie partie d'échec. Derrière l'ambition patriotique de Redl c'est le destin de tout un pays qui se dessine. Dans son ascension Redl est zélé et même impitoyable mais finalement se retrouve la victime collatéral d'une machination plus grande que lui. Une machination qui est par contre historiquement très discutable, le cinéaste préférant cette version pour mieux montrer le cynisme des manoeuvres politiques. Klaus Maria Brandauer offre une performance magistral pour un homme de devoir jusqu'à être aveuglé par son zèle. Un grand film auquel il manque un peu de panache ou de flamboyance pour atteindre les meilleurs films du genre. Site : Selenie
Evocation de la vie du Colonel Redl (je crois que ce personnage a réellement existé) qui malgré ses origines modestes et non autrichiennes dans ce patchwork que constituait l'Empire Austro-Hongrois va accéder à la reconnaissance auquel il aspire mais dans ce monde bien ordonné il va se heurter à des discriminations qui lui seront fatales. Klaus-Maria Brandauer est remarquable dans le rôle titre ; la mise en scène est très belle mais dommage que la film soit surtout composé de courtes séquences qui s'enchaînent parfois trop vite. Colonel Redl est un film réussi et élégant.
Un biopic historique intéressant mais au récit manquant de fluidité et d'émotions, qui retrace le destin d'un militaire complexe et ambitieux, prêt à tout pour s'intégrer et gravir les échelons du pouvoir, jusqu'à se trahir lui-même, écrasé par le système d'un Empire austro-hongrois en déclin, à l'aube de la Première Guerre Mondiale.
S’il fallait rapprocher ce film de l’art pictural, ce serait avec le pointillisme. C’est en effet par une succession, un assemblage de petites touches, ici des courtes scènes, que Istvan Szabo fait le portrait des hautes sphères d’un empire Austro Hongrois agonisant et de son personnage principal. Des manigances, intrigues, hypocrisies, et luttes de pouvoir qui rongent le premier, de l’ambition dévorante et de la perte d’identité (l’aspect le plus réussi du film), qui le conduisent à sa perte, du second. Mais l’ensemble manque de fluidité, reste souvent confus et en tout état de cause bien froid. L’émotion est absente et l’esthétisme, autre parti pris évident du réalisateur, débouche plus sur de la décoration que sur la beauté.
Colonel Redl, un film austro-hongrois, sur le thème de l'homosexualité lors de la première guerre mondiale, plutôt à la veille de celle-ci. On a affaire à une histoire de cachoterie, ne pas montrer son vrai visage, et lorsque qu'on joue avec la vérité, tout peut se retourner contre nous. Ce film est bon, mais le thème a un peu de la peine à sortir et le film a un rythme global plutôt lent, en rajoutant beaucoup de scènes confuses et sans grands intérêts. Je recommande le film, car il a un contexte intéressant mais la globalité est plutôt moyen selon moi malheureusement...
Un film d'une grande beauté formelle avec des noirs et bleus très bien exprimés. L'ambiance qui en ressort est très froide, sombre, qui associée à l'histoire fait ressortir un film poignant et émotionnellement fort, avec une fin très réussie. Un film qui donne envie de mieux connaitre le cinéma de l'est.
Dans l'Empire austro-hongrois déjà décadent, l'ascension d'un homme tourmenté par son homosexualité et ses désirs de revanche sociale. Reconstitution soignée mais glaciale. En effet, une très grande performance d'acteur.
6ème film compétition Festival Cannes 1985 : Très belle vision cinématographique de l'Empire austro-hongrois avant l'éclatement de la 1ère GM (approche bien différente de la future palme d'or de Haneke "le Ruban blanc"). Nous suivons ici le monde des officiers autrichiens à travers l'ascension du jeune Redl, jeune Ruthène (minorité marginale de l'Empire) et homosexuel qui parviendra à gravir, malgré ses handicaps, les échelons militaires et devenir chef des services secrets de l'Empire, jusqu'à sa chute provoquée pour protéger un Empire décadent des élites militaires tantôt paranoïaques, tantôt aveugles bellicistes et déconnectées de la réalité, à l'image de l'archiduc François Ferdinand, inspecteur général des forces armées et futur héritier du trône, au caractère conservateur et cyclothymique, dont le tristement célèbre assassinat à Sarajevo (qui est annoncé à la fin du film) sera le prélude au 1er grand conflit du XXème siècle. Film qui prend son temps, à l'ambiance feutrée et délétère, rythmé par les valses de Strauss et la musique de Liszt, qui restitue bien l'ambiance de l'époque, le conservatisme de la société (racisme, homophobie, privilège de dynastie) qui expliquerait la chute de l'Empire, parfaitement incarné par Klaus Maria Brandauer, d'une grande sobriété pour une fois et dont la fin tragique (le suicide contraint pour sauver l'Empire en pure perte) est d'une force poignante contenue. Un prix d'interprétation à Cannes pour sa performance n'aurait pas été usurpé, ni une éventuelle Palme d'or.
Itsvan Szabo avec Miklos Jancso, Marta Mezsaros et Bela Tarr est incontestablement l’un des chefs de file du cinéma hongrois d’Après-Guerre. Il est en sus celui qui a reçu la reconnaissance internationale. Dès son premier long métrage réalisé en 1965 (« L’Âge des illusions ») , son cinéma rend compte des retentissements sur la société des soulèvements qui agitèrent la Hongrie dans les années 1950 pour finalement aboutir en 1956 à l’insurrection de Budapest réprimée dans le sang suite à l’entrée des chars soviétiques dans la ville. A la suite de « Bizalom » pour lequel il reçoit Ours d’Argent au festival de Berlin en 1980, Itsvan Szabo commence à faire des films en langue allemande afin d’élargir son audience et ses budgets. Il enchaîne alors trois films avec l’acteur autrichien Klaus Maria Brandauer dont « Mephisto » qui sera récompensé de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1981. Désirant, par la même, étendre son périmètre narratif, Szabo qui écrit ses scénarios, s’intéresse désormais à la grande histoire européenne du XXème siècle à travers ses deux guerres mondiales. « Colonel Redl » (1985) remonte aux sources de la Grande Guerre en scrutant les errements de l’Empire austro-hongrois qui mèneront à l’assassinat le 28 juin 1914 à Sarajevo de l’Archiduc François-Ferdinand, neveu et héritier du vieil empereur François Joseph. Evénement déclencheur d’un conflit mondial, fruit d’une folle escalade des alliances, qui n’attendait qu’une allumette pour s’embraser. Szabo place son intrigue juste en amont en exhumant le colonel Alfred Redl, jeune officier ambitieux aux origines modestes qui par ses facultés intellectuelles et un patriotisme échevelé, grimpera au sommet des services secrets de l’empire vacillant. Impliqué dès 1907 dans une affaire de trahison au profit des voisins russes qui avaient parfaitement su jouer des faiblesses de l’officier homosexuel au train de vie dispendieux, Redl finira par tomber en 1913 et sera poussé au suicide dans sa chambre d’hôtel. Szabo tord quelque peu la réalité historique pour livrer un portrait plus général de l’état de déliquescence de l’Empire et particulièrement de son armée rongée par l’immobilisme, le carriérisme, les petits arrangements mais aussi l’oisiveté des officiers. Le parti pris de Szabo est de présenter Redl comme la victime idéale d’un système politique toujours prompt à trouver un coupable désigné au moment opportun pour éviter toute remise en question. Trop zélé, parfois arrogant mais animé d’une méfiance confiant souvent à la paranoïa en raison de ses origines et d’une homosexualité qu’il redoute qu’elle soit découverte, le colonel Redl campé par un Klaus Maria Brandauer impressionnant de justesse et d’engagement, peut finalement apparaître comme ayant été de longue main le jouet d’une hiérarchie l’ayant posé sur des rails le conduisant à sa perte . Il faut savoir que Szabo lui-même avait été dans sa prime jeunesse un agent de la police secrète de la République Populaire Hongroise. Une blessure difficilement refermée expliquant peut-être la tonalité du film. Quoiqu’il en soit, cette peinture somptueuse et désenchantée d’une société décadente conduite par un régime politique vermoulu doit beaucoup à la maîtrise esthétique de son créateur qui, secondé par son fidèle et talentueux chef opérateur Lajos Koltaï, sait un peu à la manière d’un Luchino Visconti donner la magnificence et le réalisme requis à l’univers au sein duquel évoluent ses personnages. Les tons froids de la photographie rendent parfaitement la sensation d’un empire comme enserré dans les glaces polaires à force de ne pas avoir su ou voulu fédérer les nombreux états et royaumes disparates qu’il s’était agrégé sur plus d’un siècle. Un grand film donc d’un réalisateur tombé dans une relatif oubli après le peu de succès de sa carrière en langue anglaise à la fin des années 1990. A voir absolument.
L ascension d un officier d origine modeste dans l armee de l empire Austro-hongrois. Intéressant par l ambiance restituée de sa complexité mais aussi de ses mœurs ce qui pour le colonel Redl homosexuel, constitue un effort de circonvolution encore plus difficile. Un film intelligent, bien joué et dont l intrigue est bien menée, suffisamment pour suivre cette aventure sur les plus de 2h.
"Colonel Redl" est un film que j'ai découvert lors de sa sortie en salles, après qu'il eut été présenté en compétition officielle à Cannes et qu'il obtint le prix du jury. Je l'ai revu plusieurs fois depuis et avec toujours le même plaisir.Tiré d'un histoire vraie, le film présente un portrait du colonel Redl, qui fut chef des services de renseignements de l'empire austro hongrois et qui se suicida en 1913, peu de temps avant le déclenchement de la 1ère guerre mondiale. La chronologie des faits explosées dans le film ne correspond pas à ce qu'on en dit généralement. Ici, le colonel Redl fut piégé et sacrifié au plus haut niveau, pour tenter de ressouder l'empire menacé décadence . La version officielle étant que le colonel fût l'objet d'un chantage lié à son homosexualité qui le conduisit à trahir au profit des russes . Magnifiquement interprété et réalisé, le film ressemble parfois à "ludwig" de Visconti. Szabo , le fameux réalisateur hongrois, fut deux décennies après la sortie de ce film, convaincu d'avoir trahi certains camarades et collègues au profit du régime communiste. Il expliqua qu'il avait ainsi sauvé sa vie et celle d'un collègue. Le choix de faire ce film n'est sans doute pas étranger à ce que szabo savait de lui-même. "Colonel Redl" est un grand film qui aurait pu, selon moi, largement, obtenir un prix encore plus côté, lors du festival de Cannes de 1985.
Le Colonel Redl, 1985, de Istvan Szabo, avec Klaus Maria Brandauer (Redl), Armin Müller-Stahl (le prince héritier des Habsbourg, neveu du vieux François-Joseph), Gudrun Landgrebe (la sœur du comte, amie d’enfance). Le jeune Alfred Redl, d’une famille très modeste de Galicie (frontière polonaise) se croit investi de pouvoirs illimités dès lors qu’il essaye de devenir un officier exemplaire en entrant, tout gamin, dans l’académie militaire de l’empereur. Il a même pour ami un jeune aristocrate et il entretiendra toute sa vie une liaison avec la soeur de celui-ci. Néanmoins, il est juif (au moins par sa grand-mère), hongrois, et…homosexuel. Cela fait beaucoup pour quelqu’un qui est chargé de ficher les officiers ! Il finira contraint au suicide, après avoir trahi à peu près tout son entourage et être méprisé du prince héritier (chef des armées) qui va se faire assassiner à Sarajevo, déclenchement, par le biais des alliances, de la première guère mondiale. Echec sur toute la ligne, pour ce jeune homme doué, mais trop obsédé par l’ascension sociale. Film qui se laisse voir, stigmatisant avec d’excellents comédiens, la décadence de l’Empire Austro-hongrois à travers l’illusion du pouvoir.
Vu sur Arte, "MER-SEA" Arte ! Adaptation cinématographique de la vie d'Alfred Redl et son ascension militaire jusqu'à devenir le chef des renseignements de l'armée Austro-Hongroise. Même si cette version est un peu édulcorée (le vrai Redl paraissait beaucoup plus dévoyé et ambivalent qu'il n'est dépeint dans le film), on nous montre bien à quel point la politique de l'époque (et encore aujourd'hui) reposait sur des manigances et des intrigues, des double-jeux et comment les hommes pouvaient se faire manipuler pour servir des intérêts politiques parfois obscurs et contradictoires. C'est brillant de mise en scène et d'interprétation avec des acteurs justes et inspirés baignant le film dans une tension palpable et progressive... Sans parler de l'intérêt que suscite le film d'aller se replonger sur l'attentat de Sarajevo et l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand !