Le massacre de la St Valentin de 1929 est une célèbre tuerie entre gangsters, qui eut un retentissement énorme à l’époque. Se faisant jusque-là passer pour un bienfaiteur public, Al Capone montrait en effet son vrai visage, celui d’un baron du crime sauvage, qui avait orchestré une exécution froide, violente, et méthodique. Roger Corman était visiblement très intéressé par ce sujet, dont il livre ici une approche presque documentaire, présentant les tenants et la réalisation du massacre. La plupart des personnages ont ainsi bien existé, et sont tous présentés à égalité, notamment par une voix-off qui donne froidement leur date de naissance et de mort. Il n’y a pas vraiment de héros où de protagoniste qui se détache, le scénario gardant une certaine neutralité vis-à-vis de ce panier de crabes. Et c’est peut-être là le défaut principal du film, qui en conséquence manque un peu d’intensité dramatique. Car il faut bien avouer que voir des gangsters peu recommandables s’entre-tuer n’a rien de très émotionnel. Pourtant il y avait matière à faire, avec par exemple ce personnage de mécanicien au mauvais endroit au mauvais moment, incarné par Bruce Dern. Néanmoins, « The St. Valentine’s Day Massacre » demeure tout à fait appréciable. Grâce à son travail de recherche documentaire, des tueries plutôt réussies (dont évidemment le fameux massacre), et une reconstitution sympathique du gangstérisme des années 20. Il y a même une étonnante scène de rixe conjugale filmée en caméra à l’épaule, procédé rare pour l’époque. Il s’agit d’ailleurs de l’un des plus gros budgets pour un film de Roger Corman. Grand manitou des séries B (voire Z), le réalisateur/producteur signait là en effet un film de studio, pour le compte de la Fox ! Côté acteurs, on repère quelques habitués de Corman dans des tous petits rôles, tels Dick Miller ou Jack Nicholson (il faut avoir l’œil vif pour le repérer !). En revanche, on ne peut que regretter que la Fox a refusé d’engager Orson Welles pour jouer Al Capone (choix initial de Corman). A la place, on doit se contenter de Jason Robards, qui a tendance à en faire des caisses sans trop de finesse.