A l ombre de la coupole de Saint Pierre Giacinto règne en tyran sur sa famille nombreuse dans un bidonville infâme. Chaque membre de cette famille rêve de le tuer pour s en débarrasser et mettre la main sur le magot qu il a reçut en compensation d un accident. « Affreux sales et méchants » est une farce sociale désagréable sur la misère qui rend ignoble. L humanité semble avoir totalement disparu chez ses personnages qui ne sont plus guidés que par leurs plus viles instincts. C est cruel, cru et même quelques jours après sa vision je me demande encore quel est le réel point de vue d Ettore Scola sur ses différents personnages. En tout cas une des démonstrations de son film est claire : si l argent pourri les gens, la misère aussi.
A l’origine, Ettore Scola envisageait d’effectuer un documentaire sur les bidonvilles autour de Rome. Puis il lui est venu l’idée d’en faire une fiction. On peut légitimement s’interroger sur sa fiction : correspond-elle à l’idée du documentaire qu’il voulait réaliser ? Evidemment, j’ironise.
Evidemment Ettore Scola a opté pour une satire irrespectueuse en poussant le bouchon de l’irrévérence très loin dans la laideur. La misère est laide par nature, et le réalisateur ne s’est pas privé d’en tartiner des couches avec une famille affreuse de saleté et de méchanceté. Une farce aux traits grossiers où il refuse que le spectateur soit attendri.
Il ne nous épargne rien : une famille composée d’une vingtaine de personnes entassées dans une baraque de fortune où je perçois les odeurs de tous les fluides possibles en raison d'une promiscuité dénuée d’intimité. Le festival de Cannes 1976 lui a décerné le Prix de la mise en scène. Malgré cette distinction, le public n’aurait pas trop suivi à en croire la presse de l’époque ; on ne rit pas de la misère des petites gens, fussent-ils « Affreux sales et méchants ». En tout cas, à défaut de rire, ce film m’a amusé pour son audace crade et j’apprécie d’être bousculé par la laideur. C’est aussi ça le cinéma.
Dans "Affreux, sales et méchants", Ettore Scola met en scène une (très) nombreuse famille regroupée dans un taudis d'un ghetto romain. Tous sont violents, alcooliques, crasseux, incestueux...Bref, on est très loin du politiquement correct et cet humour noir et grinçant a de quoi rebuter ! Mais cela sonne juste, d'un réalisme assez déconcertant, et c'est drôle ! Une comédie féroce, immorale et assez jubilatoire...
Un classique du cinéma italien où une famille de gitans vivant sur les hauteurs de Rome cherche à se débarrasser de l'ignoble patriarche qui cache un magot qu'il ne veut partager. Une farce affreuse, sale et méchante, totalement incorrecte et cruelle, et pourtant drôle et jouissive car sans tabou. Vive les 70's.
C'est sale, vulgaire, dérangeant mais drôle et provocateur. On est en plein 70's donc on retrouve là-dedans une liberté de ton qui n'existe plus aujourd'hui. C'est cruel, c'est moqueur mais jamais méchant finalement. Et cinématographiquement c'est ultra maîtrisé. Bref j'ai bien aimé !
J'ai deux lectures de ce film. D'un côté Affreux Sales et Méchants est un film-réaction à la mort de Pasolini. En effet, ce dernier devait réaliser le prologue de ce qui devait être à la base un documentaire sur les bidonvilles romains. Pasolini s'est toujours revendiqué d'être du côté des pauvres, qu'il considérait épargnés de la corruption de l'âme. Mais il était parmi eux l'homme de pouvoir, par son statut social et son argent, pouvoir qu'il exerçait notamment en rétribuant des prostitués. L'un deux l'a tué en 1975. Le personnage de Manfredi, bien éloigné du génie de Pasolini, incarne pourtant lui-même un homme puissant (par son argent) et lui-même « assassiné » par des représentants de l'extrême pauvreté. Dans le film, la coupole de St Pierre de Rome est toujours au-dessus des personnages comme un symbole de leur « innocence » tout comme la musique sacrée de Bach accompagnait les protagonistes d'Accatone. Il me semble inimaginable que ces coïncidences soient infondées. Je pense que Scola a voulu condamner d'une part l'assassinat de Pasolini et d'autre part l'idéalisation du caractère sacré des petites gens. D'un autre côté, le film n'est absolument pas un film politique. Il est plutôt un film ontologique sur un certain nombre de défauts inhérents à l'humanité et qu'on devrait combattre pour mieux vivre ensemble. L'avarice du grand-père, la jalousie de la famille, la luxure exercée comme la possession d'un corps par un autre. Il n'est pas non plus une comédie, mais il relève de la tragédie grecque. Il n'est pas lisse mais dérangeant. Tous ces éléments font qu'à mon sens il s'agit d'un film important.
Une très belle Comédie dramatique, coécrite et dirigée par Ettore Scola. Il nous propose des images pitoyables, des scènes tellement grotesques qu'elles en deviennent risibles. Son scénario nous conte les démêlés d'un patriarche vivant avec sa Famiglia dans un bidonville proche de Rome. Le vieux, parano et tyrannique, possède un magot d'un million de Lires, que toute sa smala convoite. Le réalisateur Italien nous offre avec cette famille une étonnante brochette de personnages atypiques. Il nous montre des scènes dures ou émouvantes (avec des enfants parqués dans un poulailler) et des moments épiques avec le baptême. Nino Manfredi réalise une fantastique composition d'acteur pour ce rôle de Giacinto le patriarche. Récompensé à Cannes il y a plus de 40 ans pour sa mise en scène, ce film intemporel n'a pas pris une ride.
La cruauté du cinéma des années 70 et l’énergie collective de la comédie à l’italienne. Le cocktail est explosif et surtout très drôle. Derrière le voile un peu terne d’une photographie très datée, il y a aussi une belle mise en scène, un vrai sens de l’espace et une manière assez impressionnante de poser cette petite foule de personnages et leur univers en quelques scènes seulement. Surtout, il y a un casting et un jusqu’au-boutisme de la satire complètement jouissifs. Le scénario n’est pas extraordinaire, puisque ce n’est finalement pas plus qu’une sorte de chronique familiale qui virerait au psychodrame, mais ce n’est pas très important, puisque c’est la folie et la surenchère du film qui font son charme, plus que sa structure ou sa beauté.
Une symphonie de la misère jouée dans un bidonville des années 60-70. Jouée avec maestria. Le cinéma italien a engendré moults chefs-d'oeuvre dans ces années-là, et ce film en est un.
A mon sens, le meilleur film d'Ettore Scola, qui délaisse avec bonheur un cinéma parfois trop démonstratif et bavard pour se laisser prendre au jeu du néo-réalisme. L'effet est immédiat et l'on découvre enfin l'envers du décors de la sublime Rome. Nino Manfredi est littéralement habité par son personnage et compose ici un rôle hors du commun. Ajoutez à cela l'innocence brisée de la jeune fille au sot et vous avez là un film, qui plus que le bruit qu'il fit lors de sa sortie en salles, demeure un petit bijou de réalisme.
Un film au titre plus évocateur, cela n’existe pas. En quelques minutes, Ettore Scola va nous faire regretter de s’être aventuré dans ce bidonville de la banlieue romaine. Giacinto, père tyran et avare, règne en maître au sein de la famille. Pourtant, il ne peut s’empêcher de se sentir menacé, possédant avec lui un million de Lires suite à un accident de travail, ses enfants essaient par tous les moyens de les lui dérober. Entre complot, machination, empoissonnement, mensonge, … rien n’y fait, il ne lâchera pas un centime ! Deux ans après Nous nous sommes tant aimés (1974), Ettore Scola nous bluffe durant près de deux heures, avec ce chef d’œuvre absurde et grossier. Affreux, sales et méchants (1976) alterne avec humour et méchanceté, gentillesse et grossièreté, le dégoûtant et l’absurde. Un film hors norme, que l’on a rarement l’occasion de voir. On fera néanmoins, un certain rapprochement avec Chat noir, chat blanc (1998) de Emir Kusturica, ne serait ce, que par son côté extravagant et insensé. Signalons en plus de cela, que Ettore Scola s’est vu remettre lors du 29ème Festival de Cannes, le Prix de la Mise en Scène pour ce film !
Ettore Scola réalise un film à l'humour très noir et une peinture au vitriol de ces gens vivant dans les bidonvilles de la banlieue romaine. Nino Manfredi,méconnaisable et excellent,déambule au milieu de ce patchwork et panel de personnages à la fois inquiétants et comme l'indique justemment le titre,affreux,sales et méchants.Style très "documentaire" pour enforcer le réalisme de cette triste condition sociale. Histoire très Shakespearienne avec patricide,trahisons,résolutions mixée avec un humour corrosif et une interprétation de haute volée,Brutti Sporcchi e cattivi a été justemment salué par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1976.
Le cinéma italien a toujours su puiser son talent dans la provocation, dans le sarcasme et dans un style bien particulier. Sils sont les créateurs de bon nombre films gore ( Blue holocaust, Cannibal Holocaust), ils ont également réussis à créer des uvres renversantes au pouvoir déjanté ( Casanova, Salo ou les 120 journées de Sodome) . Mais ils noublient pas leur société et tous les problèmes quelle engendre, comme avec ce film, situé dans un bidonville italien , au sein dune famille qui, si elle a la particularité de vivre au moins à 15 dans un espace très réduit, a tout des caractéristiques tragiques familiales : le frère couche avec sa sur, le père ( un avare, magnifiquement incarné) couche avec sa fille, ramène une prostituée qui dors à coté de sa femme, ne donne pas un sous ( pourtant possesseur dun million de livre) à ces enfants. Et tout ça au milieu des rats et de la merde. Affreux sales et méchants, ils le sont bien, tous ces personnages auxquelles la morales et léducation font défauts. Mais rarement, au cinéma, la cruauté avait côtoyé lhumanité daussi près, rarement une famille naura été détruite par tant de malheur et de saleté. Et la mise en scène, du réalisateur, se coût parfaitement au reste, qui atteint les cimes de la magnificence tragique.