Ce film est un tableau, ce film est un paysage, un portrait, décliné par petites touches, à la manière de Clotilde, cette femme disparue depuis si longtemps, mais si présente encore à ses proches, qui souffrent encore du secret qui entoure sa mort. A ce propos, deux scènes retiennent mon attention : la scène avec la grand-mère, d'abord, est pour moi révélatrice de tous ces non-dits qui dorment dans les familles, ces choses dont il ne faut surtout pas parler parce qu'elles empoisonneraient le quotidien, et qui pourtant nous empêchent de vivre pleinement, justement parce qu'elles restent tues. Cherchez l'erreur ! Et cette grand-mère qui, en présence de sa petite fille n'aspire plus qu'à une chose, dormir... Et puis cette réunion familiale dans la salle d'exposition, où ils se trouvent tous les quatre symboliquement à nouveau réunis, est émotionnellement très forte. Lorsque Isabelle embrasse son papa, ou lorsqu'on les voit tout trois minuscules au milieu des tableaux, c'est finalement l'image de la mère disparue, devenue envahissante avec les années, qui les a rattrapés. C'est une peu comme si, de nouveau, dans cette salle immense couverte de tableau, les deux filles -et le père aussi, qui n'a cessé d'être un petit garçon dans son comportement- se trouvaient à nouveau dans le ventre de leur mère... Non content d'être extrêmement touchant, ce film est un témoignage puissant contre la bêtise humaine érigée en systême social. Car ce secret de famille a des origines essentiellement sociales, des causes -bienheureusement- d'un autre temps. A voir absolument, pour prendre une grande leçon d'humanité.