L’an 1975 vit débouler dans les salles obscures "Les dents de la mer" de Steven Spielberg. 19 ans plus tard, le cinéaste crée les studios Dreamworks, lesquels deviendront un poids lourd du film d’animation, à la poursuite perpétuelle de la reconnaissance atteinte par les studios Disney/Pixar. Nous sommes en 2004, et voilà que déboule "Gang de requins", qui débute sur un gros cliché à propos du premier gros succès de Spielberg, jusque dans la musique. D’ailleurs on notera plusieurs références (cinématographiques ou pas), comme le Titanic, "Le parrain", "Le cercle", ou encore les mégapoles que sont New-York ou Las Vegas, pour ne citer que ces villes. L’esthétique est soignée, l’animation est parfaite, et les couleurs chatoyantes. Dreamworks nous proposent une plongée sous-marine ostensiblement tournée vers l’hilarité. Il me semble certain que les enfants vont adorer, je suis moins sûr pour les adultes. Car "Gang de requins" souffre de la comparaison avec "Le monde de Nemo" (sorti tout juste un an auparavant), une réalisation Pixar ayant eu logiquement un immense succès. Bon il est vrai que le scénario peut être discutable et discuté, mais le fil rouge de ce film d’animation est avant tout basé sur la fantaisie. Pensez donc : un requin végétarien, un minuscule poisson promu tueur de squales… Totalement délirant ! Mais c’est justement le côté délirant qui a fait souvent le succès des films d’animations. Souvenez-vous : les Tex Avery, Tom et Jerry, ou encore Bugs Bunny… c’était pas délirant, ça ? Le problème ici est qu’on en fait des tonnes, et quand je dis des tonnes, je dis beaucoup trop. En plus de prêter aux personnages le faciès de leurs voix américaines (Oscar en Will Smith, la grosse bouche d’Angelina Jolie sur Lola, la douceur du visage de Renée Zellweger prêtée à Angie, et Sykes muni des sourcils hyperactifs de Martin Scorsese), cela tombe souvent dans la caricature, notamment en ce qui concerne Oscar. Il bouge tellement, qu’il est parvenu à m’en donner le tournis et franchement, ça m’a un peu saoulé. J’ai parlé un peu plus haut des qualités techniques de ce film d’animation. Je dois préciser que les requins blancs sont bien faits, dans lesquels on reconnaitra aisément Robert De Niro et son grain de beauté, même sous la version française puisque c’est son doubleur attitré qui s’y est collé. Mes personnages préférés restent les méduses, à qui ont été attribuées plusieurs étiquettes, dont celle de la Jamaïque par l’association de reggae dans la bande originale signée Hans Zimmer, mais aussi celle de disc-jockeys. J’avoue qu’au vu de leur apparence, ça leur va à merveille. "Gang de requins" n’est donc pas une catastrophe, un raz de marée menant à la désolation comme certains se plaisent à le dire, mais n’est pas non plus une pure merveille pour les raisons que j’ai indiquées plus haut, mais aussi pour la bande originale résolument R’n’B qui, malgré le fait qu’elle colle bien au personnage d’Oscar, qui a fini par me noyer d’agacement.