...Imaginez que vous prélevez, au hasard, une centaine de séquences dans un nombre équivalents de films aussi divers que "Le Silence", "Romance X", "Le Sacrifice", "Soleil vert", ou encore "O' Fantasma", "Crash"... Que, après avoir secoué l'ensemble dans une centrifugeuse, vous montez le tout à l'aveuglette... Vous aurez une fidèle réplique de ce que "La vie nouvelle" vous réserve. Bon, soyons honnêtes, il existe certains fils ténus auxquels il est possible de se raccrocher, quelques figures qui réapparaissent ponctuellement : Melania, souffre-douleur (Anna Mouglalis), Seymour (Zachary Knighton)... Les noms ont été piochés, avouons-le, sur IMDB, car, s'il avait fallu compter sur la bouche des protagonistes pour livrer leurs patronymes, nous n'étions pas prêts de les transcrire sur le papier ! Les êtres qui peuplent cette "vie" sont indifférenciés, la plupart du temps muets. Très ponctuellement, il est possible de percevoir "non", "OK", "debout", mais, lorsque trois mots sont alignés, la crainte saisit sans doute Philippe Gandrieux de livrer un atome d'explication, et c'est l'anglais (ou quelque chose qui est peut-être du russe ?) qui prend la place. Les actes sont livrés bruts, dans un flou pas vraiment artistique. Quant aux motivations, inutile de chercher à les découvrir. Dans un premier temps, on se dit que l'avantage du processus, est que le spectateur n'a aucune idée de ce que lui réserve la minute suivante. Mais, lorsque 97 minutes se sont écoulées, l'épuisement guette le plus valeureux !
Cette oeuvre parfaitement hermétique, et totalement épuisante (une vision en accéléré s'est imposée à plusieurs reprises !), fait naître deux désirs à la fois scientifiques et masochistes : découvrir l'allure que prend, sur le papier, un tel scénario, et, surtout, entrer, pour quelques secondes seulement, dans le cerveau de Philippe Gandrieux, pour tenter de décrypter quelques lambeaux d'intentions ! Ce doit être une expérience aussi fascinante que traumatisante !