Aïe, Brocéliande s’est fait atomisé par la critique, et franchement, il ne l’a pas volé. Pour moi ce film est un peu du niveau (et dans la même veine), qu’Humains. Il en a exactement les même défauts, et sur le papier, pourtant, exactement le même potentiel.
Je commence par les acteurs. Bon certes pour la plupart des rôles principaux les acteurs étaient relativement débutants. Elsa Kikoïne, Cylia Malki, Cédric Chevalme, Mathieu Simonet et même Alice Taglioni en pleine reconversion étaient à l’aube de leurs carrières respectives (pas toutes fameuses il faut l’avouer). Néanmoins certains avaient évolué sur les planches auparavant, et même si un ou deux pouvaient se planter, là ils donnent l’impression de s’être passés le mot pour rater. Il y a les pénibles (une grosse partie du casting qui en fait trop, Kikoïne et les antagonistes en premier lieu), les prestations en carton-pâte (Taglioni surtout en dépit de son physique), et ceux qui s’en sortent pas trop mal (Dobtcheff a de l’expérience, et heureusement il la montre un peu). Dans l’ensemble ce n’est pas du tout au niveau, les émotions passent mal, ils ne délivrent aucune tension, manquent cruellement de présence et de charisme. Franchement à ce niveau les méchants de services sont parmi les plus ridicules que j’ai vus.
Coté scénario ce n’est pas mieux. Comme dans Humains il y avait une idée de base pas si mauvaise que cela, qui aurait pu servir un film simple mais divertissant. Là non. Le métrage enchaîne les lieux communs, se perd en essayant de créer de pseudo-relations avec ses personnages, et ne parvient jamais à instaurer un rythme solide. Les dialogues ne sont par ailleurs pas brillants, et du coup, même lorsque la tension voudrait s’installer (sur la fin par exemple), elle est aussitôt désamorcée par des répliques indignes.
Visuellement Brocéliande est encore une fois dans la dynamique Humains. Un potentiel, avec par exemple des décors prometteurs, mais non. Une grosse partie du métrage ne se passe absolument pas dans la forêt, cette dernière n’est jamais mise en valeur (d’ailleurs la fin se passe dans un souterrain bien médiocre), alors qu’il y avait moyen de livrer un travail au moins aussi qualitatif sur ce point que Sleepy Hollow (et les bois du Ponant absolument majestueux). La photographie est correcte mais fait un travail trop réaliste, trop « téléfilmique » en somme. On est là dans un film fantastique, qui essaye de délivrer un minimum de frisson, il faut une photographie à la hauteur. Au moins les Rivières pourpres offraient un travail original. La mise en scène manque totalement d’allure, c’est filmé comme un sagouin, et la caméra bouge atrocement mal. Les séquences action sont globalement totalement ratées de ce fait, et il y a un fameux combat qui est resté dans les esprits de beaucoup, même 10 ans après la sortie du film (plutôt cauchemar que bon souvenir j’entends !). Une scène surnage pour moi, filmée sous le bon angle et surprenante, la mort du personnage d’Alice Taglioni. Brocéliande ne propose pas non plus des effets spéciaux convaincants (j’ignore le budget, mais je pense qu’il y avait vraiment de quoi faire un monstre plus solide). Je retiens un ou deux effets sanglants pas mal en revanche, dont la mort encore une fois d’Alice Taglioni (en fait le passage à retenir du film).
Niveau musical, ben il n’y a rien de nouveau, cela aurait été un miracle qu’un film aussi bâclé puisse donner une bande son vraiment enthousiasmante.
Pour conclure voilà le cinéma de genre français comme on en veut plus (pourtant on nous a livré Humains). Totalement dénué de fond, Brocéliande est en plus brossé à la truelle, avec un travail esthétique et plastique tout à fait indigne. L’excuse du budget est par ailleurs hautement insuffisante. Si on n’a pas les moyens on est moins ambitieux, point barre, et quant on regarde des films presque amateurs comme Last Caress (non moins français !) et le travail sur la photographie, la musique, la mise en scène, on se dit que Brocéliande manquait surtout de talents dans l’équipe.