Gérard Krawczyk, avec son remake de Fanfan la Tulipe, ne parvient pas à mettre de côté cet inévitable aspect franchouillard de la comédie... mais parvient à le tourner à son avantage : on est prévenu, il faut regarder le film au second, voire troisième degré. Outre les pitreries ridicules (dans le bon sens du terme) de Didier Bourdon, meilleur comique qu'acteur comique, et les situations faciles dans lesquelles se retrouvent Fanfan et les divers antagonismes, on trouve une métaphore à propos de la mondialisation (si, si, Muller l'a dit !) mais surtout une charmante histoire d'amour, entre le héros Fanfan [Vincent Perez] et son amour Adeline [Penélope Cruz]. Même si la façon dont ils tombent amoureux est carrément baclée, leur relation est fabuleuse et tendre : voir Penélope Cruz jouer en français, avec son accent charmant qui fait fondre n'importe qui, est un délice, voire, un régal ! L'actrice, comme elle le dit, a dû être française dans une autre vie : la barrière que constitue la différence de langue est infime pour l'actrice, qui livre un travail pas du tout cabotin (et ce en dépit de la platitude du rôle) et où elle dépasse, mais de très loin, les jeux des interprètes français. Si elle se démarque, ce n'est donc pas du tout grâce au metteur en scène, sinon la troupe française serait aussi mémorable. Le réalisateur, d'ailleurs, utilise à bon escient sa caméra dans les scènes de dialogues, où il parvient à ne pas en faire trop. Ce n'est pas le cas pour les scènes dites d'action où Krawczyk n'ose pas employer les techniques de montage et de filmage que peut offrir le septième art : en résulte des combats moyens (sauf ceux où l'interaction avec l'environnement est utilisée, façon Jackie Chan et ses films chinois) et c'est un assez gros moins pour un long-métrage qui mise avant tout son succès sur ce mouvement. Mais on ne peut s'empêcher d'éprouver un paquet d'affection pour Fanfan la Tulipe, très principalement grâce à la craquante et talentueuse Penélope Cruz.