Voilà un film dont je peine à comprendre le désamour qu'il a suscité lors de sa sortie... Certes, il s'agit du remake d'un classique du cinéma français (avec Gérard Philippe et Gina Lollobrigida) que les puristes considèrent comme "intouchable". Certes encore, le film a fait l'ouverture du Festival de Cannes (ce qui garantit souvent un accueil difficile). Et certes enfin, il s'agit d'une production Europa (donc, Luc Besson) qui était encore considéré comme cantonné aux productions fast-food genre "Taxi", "Yamakasi" ou "Le transporteur"). Mais tous ces préjugés ne me paraissent pas tenir face à la formidable réussite de ce "Fanfan la tulipe" version 2003, qui brille par sa fraîcheur et sa drôlerie. A l'exception de quelques défauts mineurs (les dérives un peu gnangnan de l'histoire d'amour entre Fanfan et Adeline, les élucubrations parfois un peu caricaturales de Fier-à-Bras, la vision too much des Prussiens, des petites fautes de montage avec des ralentis qui font tâche...), ce remake m'a même franchement emballé ! Tout d'abord, il n'y a pas tant de film de cape et d'épée à se mettre sous la dent et il faut reconnaître que le charme opère toujours lorsqu'un duel à l'épée se profile en vêtements d'époque. La chorégraphie des combats a, d’ailleurs, été particulièrement soignée, tout les décors et les costumes, qui viennent embellir l'esthétique du film. La qualité de la photo est, également, intéressante et, de façon plus générale, le rythme que Gérard Krawczyk a su insuffler à son film (même s'il se montre, parfois, un peu trop "clipesque" mais passons...). Mais, surtout, ce qui fait la force de ce "Fanfan la Tulipe", c'est son ton incroyablement drôle et moderne. On a, ainsi, droit à un festival de dialogues hilarants qui font la part belle à l'absurdité ("Il l’épousera après la guerre. C’est la guerre de 7 ans, déjà 4 de passés... Le plus gros est fait !"), aux anachronismes ("Faudrait une monnaie unique !"), aux références culturelles détournées ("Waterloo ? Umh morne plaine !", "Mais à vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans gloire ?") et aux clins d’œil en tout genre (à Pialat, au Duc de Nevers...). Les prestations des acteurs sont au diapason de ce parti-pris humoristique, avec, entre autres, un Didier Bourdon généralissime en Louis XV dépassé (chacune de ses apparitions est une merveille), un Guillaume Gallienne fantastique en colonel précieux cherchant un hymne à son régiment, un Gérald Laroche extraordinaire en perfide traître, le trop rare Jacques Frantz incroyable en recruteur ou encore Hélène de Fougeroles impeccable en Pompadour. Enfin, le couple vedette est tout simplement formidable. Penelope Cruz, alors en pleine hype, a surpris son monde en jouant en français et apporte toute sa beauté exotique au personnage d'Adeline ainsi qu'une pointe d'effronterie bienvenue. Mais la star incontestable du film, c'est bien évidemment Vincent Pérez qui nous ivre une prestation incroyable de charme et de candeur... mais qui sait, également, se montrer flamboyant, épée à la main. Omniprésent à l'écran, il porte le film sur ses épaules et, surtout, s'avère parfaitement crédible en sympathique bourreau des cœurs refusant l'engagement (un rôle qui fait écho à celui qu'il tenait dans... "Fanfan"). Non décidément, je ne comprends pas le sort qui a été réservé à ce film. A redécouvrir !