Wyler dont les parents étaient suisse, naquit à Mulhouse lorsque l'Alsace appartenait à l'Allemagne. Grace à un cousin de sa mère, directeur d'Universal, il partit travailler dans cette compagnie où il gravit peu à peu les échelons avant de passer à la réalisation.
Si le cineaste n'a que rarement été soutenu par la critique française, sa réputation aux états-unis est tout autre dans les rangs de la cinéphilie.
Woody Allen le considère, par exemple,comme son réalisateur americain préféré et il est le cinéaste, encore aujourd'hui, le plus titré aux oscars.
Ses contempteurs les plus ardents reconnaissent toutefois la qualité de " the collector" ( le collectionneur), distribué en France sous le titre " l'obsédé ".( 1965).
Placé à la fin de la filmographie du réalisateur ( il mettra en scène encore trois films après celui-ci et terminera ainsi sa carrière cinq ans après " the collector"), il est parfois considéré comme " le testament " de William Wyler.
Peut-être ce dernier reçut il au cours de sa vie et malgré sa réussite sociale des échecs sentimentaux qui le conduisirent à s'interroger sur la séduction amoureuse ? On sait qu'on associe l'amour véritable, du moins dans sa conception romantique, à l'absence d'intérêt matériel. L' amour ideal est conduit par les sentiments amoureux et par rien d'autre.
" l'obsédé " est le portrait d'un psychopathe ( ici fortuné, grâce à un gain inespéré à un jeu), interprété avec talent par Terence Stamp dans un de ses premiers rôles ( il lui valu d'être remarqué grâce à sa prestation, par Pasolini qui lui confiera le rôle clef dans " theoreme"). Le film place le spectateur dans la position du psychologue.
Il lui faudra à partir des éléments que lui donnent le scénario, reconstituer le portrait psychologique ( glaçant) du personnage principal qui cherchant l'amour ( dans une version fantasmée) qu'il n'a sans doute jamais reçu, enleve et sequestre une jeune fille de sa connaissance.
Si 'l'obsédé " est sans nul doute un film difficile à réaliser en ce qu'il est, presque de manière intégrale, un huis clos à deux personnages, il souffre d'un manque de rythme et de longueur.
Si la réalisation, la photo sont remarquables et constituent les atouts de " the collector ", le point de vue qui consiste à nous montrer uniquement les échanges entre le bourreau qui cherche à se faire aimer maladroitement car de façon irrationnelle et sa victime, tombent un peu à plat.
Exercice intéressant, non dénué de qualité et à voir sans aucun doute, j'ai regretté le côté trop linéaire du scénario qui empêche le spectateur d'entrer dans la problématique, ne serait-ce que de temps à autres.
Il faut reconnaître que " l'obsédé " inspirera de nombreux metteurs en scène par la suite et aussi, selon la documentation, de façon tragique, de véritables sérial killers.
Un film important à connaître certes, mais qui me semble cependant un peu surestimé malgré ses qualités évidentes, en raison du manque d'émotion qu'il suscite.