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Fêtons le cinéma
688 abonnés
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3,5
Publiée le 1 février 2024
Le jeu des enfants dans le cimetière est l’un des premiers plans qui ouvre Staircase après le générique, soit l’association parfaite de la convoitise d’une jeunesse éternelle qui endolorit l’amour-propre d’Harry et de Charlie, tous les deux cinquantenaires et confrontés à leur décrépitude – dentiers dans un verre d’eau et varices pour l’un, chute de cheveux et ventre proéminent pour l’autre – et de la mort qui tourne autour des deux personnages comme un vautour en quête d’une proie : il y a d’abord la mort par parents interposés, la mère étant soit alitée dans un état de malade plaintive aux cris pénibles soit placée dans un auspice où elle végète et perd la mémoire ; ensuite la mort sociale, puisque le procès de Charlie risque de lui coûter réputation et liberté ; leur propre finitude également, la violence qui gouverne leur relation menant à des extrémités telles que le coup fatal ou le suicide constituent des options envisageables ; enfin, l’oubli à soi et aux autres, le pire étant de disparaître à la mémoire de l’aimé(e). Stanley Donen adapte la pièce de théâtre écrite par Charles Dyer et choisit la forme du huis clos entrecoupé de brèves sorties au parc ou dans la rue : cet enfermement traduit à l’image la pression sentimentale et sociétale que vivent les homosexuels, incapables de s’épanouir dans une société qui ne veut pas d’eux et qui les accuse de trouble à l’ordre moral public alors qu’elle ne sanctionne pas les ébats extérieurs de ses jeunes hétérosexuels. Dès lors, l’émotion demeure contenue voire conjurée par la brutalité des dialogues ; elle n’éclot que par dangers imminents, tel un dernier adieu en forme de vœu en direction de l’escalier, métaphore de l’ascension vers un au-delà inatteignable, en témoignent les allers-retours intempestifs. Les décors sont aux aussi délabrés, cassés et sales, en dépit des efforts d’entretien accomplis par Harry : ils rendent compte de la brèche intérieure qui fragilise les personnages, marginaux anachroniques dont on se moque et qui nécessitent un temps de préparation pour entrer en scène – donnant lieu à une séquence silencieuse singulière située en début de film. Staircase dénote dans le paysage de la comédie dramatique américaine des années 60 par la gravité tragicomique avec laquelle il confond les tonalités et aborde des thématiques peu représentées jusqu’alors, ainsi que par ses thèses progressistes à l’égard de l’homosexualité. Nous regretterons néanmoins une mise en scène trop statique, quoique dotée de subtilités certaines à l’instar de son attachement aux miroirs et autres surfaces réfléchissantes pour symboliser l’envers du décor. Une œuvre à ne pas négliger qui s’inscrit dans la veine mélancolique de son auteur – auquel appartient le magnifique Two for the road (1967), par exemple.
Le film reste cloisonné autour du couple et des petites misères quotidiennes. C'est peut-être ça que veut dénoncer le réalisateur. L'amour est toujours présent mais l'usure est là et il ne se montre plus, restant caché dans les cœurs. Le film parle aussi de la vieillesse avec cette longue scène dans elle parc où la jeunesse tourne autour et les vieux qui ne peuvent que constater la tristesse du temps révolu. Intéressant mais plutôt théâtral en vérité.
Rex Harrison et Richard Burton en vieux couple sont à la fois touchants et drôles, une réalisation audacieuse qui a aussi un coté film social à la Ken Loach avec pour fond la peur de vieillir seul. Le scénario reste tout de même dans un petit périmètre. Le film a sans doute inspiré la cage folles qui n'a malheureusement repris que le coté caricatural.
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4,0
Publiée le 19 novembre 2013
Dans cette oeuvre douloureuse, nous sommes mis en prèsence de relations humaines faussèes, distordues! Cri d'angoisse devant un monde de dècomposition (l'ultime plan du film), ce cinèma là n'a plus grand chose à voir avec un divertissement! Même Stanley Donen, longtemps spècialiste numèro un de la comèdie musicale, genre de tous repos comme l'ètait son magnifique "Singin' in the Rain", se convertit au mèlodrame aux plus sombres couleurs avec "The Stair Case", adaptè par Charles Dyer de sa pièce « Staircase » , reprèsentant assez bien l'aboutissement de ces comèdies amèricaines de moins en moins comiques, mais de plus en plus grinçantes! A une èpoque (nous sommes ici en 1969) où les moeurs ont considèrablement èvoluè, et le cinèma a ètè obligè d'en tenir compte! Les cinèastes les plus cèlèbres (Losey, Pasolini, Visconti, Schlesinger...) n'ont d’ailleurs pas hèsitè à aborder très librement le thème de l'homosexualitè masculine et la comèdie amèricaine n'a pas hèsitè, pour sa part, à en faire un thème de boulevard! il faut en outre remarquer l'extrême audace avec laquelle Donen traite un sujet dèjà scabreux en lui-même: ce couple de vieux pèdèrastes (flanquès de leurs ècoeurantes mères gâteuses) se livre au dèballage intime de "Who’s afraid of Virginia Woolf ?" et cette surenchère dans la laideur a quelque chose de vraiment terrifiant! S'il n'y avait qu'une seule bonne raison pour regarder ce film courageux de Donen, ce serait pour admirer les prestations tristement pathètiques de Richard Burton et Rex Harrison (Burton vaut à lui-seul le dèplacement en mènagère dèglinguèe avec le crâne entourè de bandages pour cacher sa calvitie). Ces deux homosexuels bâtissent en quelque sorte leur « escalier » pour aller jusqu'au cieux même si Charlie / Harrison se sert de Harry / Burton comme d'un « escalier mècanique » lorsqu'il se sent vulnèrable ou à la ramasse! Donen a parfaitement rendu l'enfer quotidien et mesquin de ce couple qui ne cesse de se disputer et pourtant s'aime encore! A noter que la musique est de Dudley Moore, l'acteur, dans sa pèriode compositeur...
L’escalier est un film audacieux pour son époque parlant d'un thème rarement abordé de manière si directe l'homosexualité dommage que la réalisation de Donen manque d'audace et qu'au début du film le montage n'est pas très réussi. Sinon le scénario est très bien écrit, L'Escalier fait preuve de mordant et parfois cruel, cette comédie repose surtout sur un formidable duo d'acteurs. Burton et Harrison forme un couple de vieilles pédales qui ont les même tares que les couples dit normaux, ils sont à leur manière attachant et nous touche avec leurs soucis qui ne sont pas si éloignés des nôtres ; à travers les 2 homosexuels (et leurs mères) L'Escalier aborde aussi de manière presque morbide la déchéance de la vieillesse. L'Escalier est un bon film qui vaut le coup d'oeil, il lui manque juste la touche pour en faire quelque chose de remarquable et de marquant.
Un brin d'audace de Stanley Donen pour l'époque dans le choix du sujet à savoir montrer un couple d'homosexuels dans la banalité, pour ne pas dire le sinistre, du quotidien, le temps qui engendre l'usure, la lassitude, les mots qui blessent mais l'affection qui au fond persiste malgré tout et un front commun face aux problèmes. On peut reprocher à Stanley Donen de ne pas toujours savoir cacher l'origine théâtrale de l'histoire même s'il multiplie au maximum les lieux, mais il réussit à bien approfondir les deux personnages principaux bien aidé en cela par les deux grands qu'étaient Rex Harrison et Richard Burton. Un traitement peu commun pour son époque sur un sujet qui était encore tabou.