Bleeders est une grosse déception, un peu dans le genre de La créature du cimetière. Budget honnête (8 millions de dollars, pour une petite série B c’est pas mal), casting pas trop mauvais sur le papier (Roy Dupuis, détenteur de nombreux prix du meilleur acteur dans des festivals canadiens, Rutger Hauer routier de la série B dans un second rôle), sujet en or (tiré de Lovecraft tout de même), il y avait matière à un film décapant, et divertissant. Ce n’est pas le cas, et l’échec est d’autant plus difficile à avaler. Roy Dupuis s’en tire pas mal c’est vrai, et dans l’ensemble le casting est un point qui plaide en faveur de Bleeders. Plutôt sérieux dans leurs rôles respectifs, les acteurs sont actifs et s’investissent. Leurs personnages ne sont malheureusement pas tous à la hauteur, mais là encore, on pardonnera quelques facilités d’écriture. Les décors et l’ambiance musicale un peu planante donnent aussi à plusieurs plans un très joli cachet. Il y a un coté contemplatif par moment, qui donnent de l’ambiance à un métrage en perdition de ce coté là. Il est regrettable que la photographie délavée, et la mise en scène plate comme un sous-bock ne soient pas du tout à la hauteur de l’enjeu. Je relève aussi un énorme souci au niveau des maquillages, et des scènes d’action. Les monstres sont assez pathétiques ! D’ailleurs le réalisateur essaye autant que possible de les cacher, mais ses efforts ne suffisent pas, et leurs apparitions font plutôt rire que frissonner. Les scènes d’action ou d’attaques sont largement ratées. Sans aucun dynamisme, sans aucune recherche, elles sont d’une nullité rare. Il y a par ailleurs presque aucun effet gore. Mais le pire reste le scénario et la quantité impressionnante d’invraisemblances accumulées. Du grand art ! L’histoire est molle, elle avance sans craindre toutes les grosses ficelles, et surtout n’exploite jamais le potentiel Lovecraftien. Je défie quiconque de retrouver la patte si spéciale de l’écrivain dans ce film ! Par ailleurs c’est plein d’invraisemblances (les monstres sont des nains bossus, sans armes, bêtes comme leurs pieds, les habitants sont plus nombreux, mieux armés, et bien retranchés, et pourtant ils se font laminer !). C’est assez incroyable ! Le synopsis est par ailleurs très mensonger. Ne vous attendez ni à des banquets de chairs humaines ni à des scènes de chair tout court (à part une pseudo-scène érotique et quelques seins astucieusement dévoilés !).
Voilà, Bleeders est très pauvre, ne fait pas son âge (dans le mauvais sens du terme), passe à coté de presque tout, et n’est franchement pas du tout enthousiasmant. Dans le genre lovecraftien, Dagon est nettement supérieur, et beaucoup plus fidèle à l’univers de l’écrivain. 1 pour les acteurs et quelques beaux paysages.