Auteur réputé comme étant un des maîtres de l'horreur, Howard Phillips Lovecraft a divisé son œuvre en trois cycles : ses "Histoires macabres", dont fait partie "Herbert West, réanimateur" qui a servi pour "Re-Animator", sont écrites entre 1905 et 1920 ; "Cycle du rêve" entre 1920 et 1927 ; "Mythe de Cthulhu" qui comprend "Dagon" et "La couleur tombée du ciel" toutes les deux adaptées au cinéma (la dernière ayant été porté pour la première fois devant la caméra par le non moins célèbre Boris Karloff), de 1927 à 1935.
Pourquoi je me permets de présenter le nouvelliste Lovecraft ? Car pour sa toute première réalisation, Stuart Gordon adapte Lovecraft. Il réitérera l'expérience avec "Aux portes de l'au-delà" et "Dagon".
"Re-Animator", synopsis : West, un nouvel élève, est accueilli dans une université de médecine des Etats-Unis après avoir tenté une expérience (qui a mal tourné !) dans son ancienne école suisse. Son test consistait à ramener à la vie un être décédé. West va continuer sa funeste entreprise... .
Au-delà du scénario brigué de part en part (merci Stuart !), le futur metteur en scène de "Fortress" s'acoquine de Brian Yuzna à la production et s'entoure d'une équipe qui lui restera fidèle dans ses futurs projets horrifiques. Ainsi, le casting, excellent dans son ensemble, est emmené par Jeffrey Combs (West, l'alter-ego du réalisateur), inquiétant au possible et misogyne à souhait. Bruce Abott (resté confiné dans ce type de personnage pour les suites de "Re-Animator") et David Gale (uniquement connu du cinéma par ce rôle de docteur démoniaque) complètent la distribution, que je peux donc qualifier d'inédite.
Dans ce petit film de genre devenu culte dès sa sortie, vous l'avez compris, tout est parfait. L'ambiance, la mise en musique des deux génériques, le rythme, la tension nerveuse, l'humour noir acerbe des 80's critiquant notre rapport à la vie toujours d'actualité, et surtout cette façon d'aborder le sujet de la mort sans complexe et sans fioritures de la part de Stuart Gordon qui, face à tant de haines vis-à-vis des personnages nous tend un piège, le sien quant à la séquence finale sur le lit d'hôpital (je n'en dirais pas plus !).
Ce qui concoure également à la réussite de "Re-Animator", c'est bien sûr toute l'animation humaine, les costumes, les techniques de maquillages et d'effets visuels visant à renforcer l'aspect macabre, mortifère, glauque voir carrément dégoutant et déroutant du métrage. Cette précision, cette méticulosité d'effets dans le cadre d'une morgue toujours plus inquiétante et morbide nous est assénée par une mise en scène limpide et par des rebondissements à hurler à la vie. Du jouissif certes mais plongé dans un cinéma d'horreur novateur en 1985 avec cette dose d"épouvante jamais relâché par la tension nerveuse proposée, toujours appropriée, abouti, tout en touchant l'humour noir. Extra ! Un travail d'orfèvre en somme.
Pour conclure, "Re-Animator" (1985), mitonné avec les moyens du bord d'hier (comme une série Z donc !) est devenu aujourd'hui ce petit bijou d'horreur. Stuart Gordon a confectionné un chef d’œuvre d'époque qu'on peut appeler classique de l'horreur en 2017.
Spectateurs en fin de vie... ce film est fait pour vous !
Âmes sensibles, s'abstenir. Interdit aux moins de 15 ans.
A noter : mention spéciale horreur au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1986, "Re-Animator" se verra affublé de deux suites, "Re-Animator 2" et "Beyond Re-Animator".