Pas vu le premier donc je vais noter seulement ce que j’ai vu, sans esprit de comparaison pour le coup. Ce Borsalino and Co est un film de gangsters typique, classieux, divertissant, qui m’a cependant paru manquer d’un scénario plus riche et structuré.
En effet, le film est agréable à suivre. Fusillade, scènes violentes, poses multiples des acteurs qui en font des tonnes mais pour notre plus grand plaisir, final marquant qui reste le meilleur point du film (c’est toujours bon de finir sur une scène marquante), Borsalino and Co est sérieux, viril, méchant, bref, on est en terrain qui plaira ou déplaira suivant qu’on aime les films de gangsters ou pas. Maintenant, ça m’a pas paru toujours bon, avec recours trop clair à des facilités et un manque de surprise. Je ne voudrai rien révéler, mais les aléas du personnage de Delon ne sont pas assez perceptibles (il se refait comment ?), et on ne le sent jamais vraiment menacé en fait. La psychologie des personnages est aussi assez plate, et le méchant m’a paru clairement meilleur que le héros en termes d’écriture, tandis que le rôle de Lola est très fade alors qu’il y avait un potentiel énorme pour au moins présenter une figure attachante et émouvante. Deray se concentre sur sa guerre entre gangsters, et il en résulte un film d’action un peu vide et creux, duquel manque davantage d’enjeux dramatiques.
Le casting est convaincant. Pas de fausse note, avec une mention spéciale pour Riccardo Cucciolla, un méchant très plaisant, face à un Delon charismatique mais un peu monolithique. Il y a des seconds rôles brillants, notamment le solide Reinhard Kolldehoff, mais globalement j’ai été très séduit par l’écriture des seconds rôles, lesquels, dans les films de ce genre, ne sont bien souvent que des hommes de main sans personnalité et sans relief particulier. Reste que comme je le disais, l’écriture du personnage de Delon, à moins que tout ait été dit dans le premier film, n’est pas assez creusée.
Formellement, le film est élégant, plein de superbes voitures, de jolies maisons, de paysages agréables. Belle photographie, beaux décors et bonne musique, mais une mise en scène un cran en-dessous. Je pense quand même que Deray n’est pas un génie du cinéma, et ici c’est assez apparent dans des scènes d’action avec de faux raccords, une sorte de virulence qui vire en fait au brouillon, et quelques effets à la limite du risible. Dommage, mais Deray veut clairement trop en faire dans l’action brute et parfois il se prend les pieds dans le tapis de ses limites de réalisateur.
Pour ma part, Borsalino and Co m’a plu pour son esthétique raffinée, ses beaux décors, et son côté sérieux et sans concession (pas d’humour, pas de tergiversation, c’est direct). C’est du film de gangsters cousus main avec une recette rodée, mais je ne peux pas comparer, je n’ai pas vu le premier film, qui aurait mérité d’être plus costaud niveau scénario et écriture pour s’élever vraiment dans les meilleurs du genre. 3.5