Sorti en 1924, « The Iron Horse » est très loin d’être un des premiers films de John Ford dont la carrière très prolifique l’aura poussée à faire 142 films (dont une cinquantaine qui semble perdu). Ici, il réalise une longue et gigantesque fresque autour de la construction du chemin de fer américain. Mais dans cette fresque il s’attardera aussi sur le destin de Davy Brandon dont le père a été tué par un « indien blanc » lorsqu’il était très jeune.
John Ford nous captive durant les 2 h 30 de films, notamment grâce à un montage énergétique et une histoire assez riche. On y suit la construction du chemin fer ancré dans le contexte de la guerre de sécession avec Lincoln (dont Ford dressera un portrait dans l’excellent « Vers sa destinée » avec Henry Fonda) qui ratifie le projet malgré les protestations de son propre camp (où on parle de « folie technologique » !). Tout en suivant l’avancée des travaux, souvent perturbés et notamment par les Indiens, Ford nous fait suivre le destin de ce jeune garçon qui voit son père mourir devant ses yeux et, tout en cherchant vengeance, va devenir ingénieur dans les travaux tout en y retrouvant son amie d’enfance.
Si tout n’est pas parfait, à commencer par le traitement des indiens qui manque clairement de subtilités ainsi qu’un traitement trop léger de l’histoire entre Davy Brandon et l’héroïne et qu’à première vue (c’est mon premier Ford muet), l’américain semble un peu plus à l’aise dans le parlant que dans le muet, il nous livre quand même un très bon film et fait déjà preuve d’une certaine maitrise derrière la caméra, usant de nombreux plans fixes, souvent réussis.
Annoncé dès le début de films, Ford souhaite respecter la réalité historique et n’hésite pas à utiliser des gros moyens (beaucoup de figurants, chevaux, bisons…). En plus de Lincoln, il y a d’autres références historiques telles que la guerre de sécessions, Buffalo Bill ou le besoin des immigrés (Chinois…) pour le travail sur le chemin de fer.
Plusieurs scènes sont mémorable et parfois spectaculaire, la musique est bonne et colle souvent bien à l’image, ne manquant pas de puissance lorsqu’il y en a besoin. Les interprétations sont très bonnes, sachant exprimer les sentiments des personnages sans forcément tomber dans l’excès de sur-jeu, parfois visible dans les films muets, notamment George O’Brien et la belle Madge Bellamy, sachant rendre leur personnage attachant.
Non sans défaut et si pour l’instant j’ai une préférence pour quelques-uns de ces westerns parlants, ca reste tout de même un très bon Ford, captivant durant ses deux heures trente grâce à une histoire riche et intéressante ainsi qu’une belle maitrise de l’américain derrière la caméra.