Ce film, remake du Liebelei de Ophuls m’a aussi fait penser à Madame de… du même Ophuls, en particulier dans sa dernière partie.
Bon, passons à la critique. Christine est d’abord un film élégant bénéficiant d’un très beau technicolor, de jolis costumes, d’une reconstitution plutôt élégante, le tout saupoudré d’une musique assez bien employée (classique, bien sûr), quoiqu’un peu emphatique sur la fin. Raffiné et esthétique, Christine ravira les amateurs de films en costume et des couleurs chatoyantes des vieux métrages. La mise en scène reste en revanche planplan. Dommage. Le réalisateur filme assez platement cette romance et surtout ne parvient pas à donner vraiment de la tension dans l’épilogue, là où justement Madame de… m’avait agréablement surpris avec exactement les mêmes éléments.
Le casting est fourni, avec les deux jeunes premiers : Delon-Schneider. Duo charmant qui finalement fait le boulot. Ok, ils sont peut-être pas énormissimes, mais ce sont deux jeunes amoureux idéaux, ils sont beaux, encore dotés de cette candeur de la jeunesse, et assez à l’aise avec la partie romantique. Plus théâtraux dans le drame, c’est aussi l’époque qui voulait ça, avec pas mal de films où le chagrin était très théâtral, plus dans les mots et la manière de les prononcer que dans les effusions humaines. Autour de ce duo quelques seconds rôles sympas : Micheline Presle convaincante en baronne qui n’est pas non plus odieuse (belle surprise ça) ; Brialy en pote de Delon un peu en roue libre parfois mais qui s’amuse vraiment, je retiendrai aussi une bonne prestation de Fernand Ledoux (lui aussi personnage intéressant). Dans l’ensemble, les acteur font ce qu’on leur demande avec une certaine efficacité, en dépit de dialogues assez écrits et d’une histoire délicieusement sucrée.
C’est un peu le souci de Christine, il reste très sucré, surtout dans sa première partie. On est d’autant plus étonné de la seconde partie, mais pour arriver à celle-ci qui s’allège, il faut franchir la première qui ravira les amateurs de romances au gout de bonbon. Amour éclair, amour chaste, amour en tirade « roméojuliettienne », c’est quand même très costaud. J’ai franchement ri parfois, même si c’était pas l’attention du film, et pourtant j’aime quand l’amour est plein de tendresse, mais là on a tout et le film en fait des caisses. La dernière partie change du tout au tout, et déconcerte d’autant plus. Elle ne contentera personne à mon sens, et c’est sûrement ce qui explique en premier la déception des spectateurs. A la limite le ton comédie romantique sucré jusqu’à la fin aurait été mieux, car là la conclusion tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, comme si le réalisateur se souvenait que les Bisounours c’était le tournage d’à côté.
Bon, Christine n’est pas un chef-d’œuvre, il s’inscrit dans la veine Sissi et je crois qu’il sera plutôt apprécié par ces spectateurs là, même s’il n’a sans doute pas la même qualité scénaristique ni l’aura d’une impératrice. Petite romance en costume, c’est très propre formellement, bien interprété dans l’ensemble, mais très inoffensif. 3.