De l'enfance à l'adolescence, Evan a des troubles de mémoire, il se retrouve alors contraint de tenir un journal intime pour corriger ses carrences. Mais rien n'y fait, certains épisodes de sa vie lui restent insaisissables. Après sept ans sans perte de mémoire, alors qu'il mène une vie plus ou moins normale à l'université, son passé le rattrape, et il doit remettre ses souvenirs en place, remplir les pages blanches qui lui échappent, pour arranger sa vie et celle de tous ceux ayant eu un lien direct avec ces évènements oubliés.
Parmi eux, Kayleigh, son premier amour, son frère Tommy, et enfin Lenny. Nous découvrons alors ce qui unit ces quatre personnages, liés par les mêmes secrets, que chacun essaie d'éclipser de son esprit, tant bien que mal. Mais Evan, obnubilé par son désir de connaître sa propre vie, voire de la changer, passera outre et ravivera en chacun d'entre eux les démons du passé. Un seul but : Faire que tout aille bien, pour tout le monde. Partagé entre le désir de trouver l'amour avec Kayleigh et de permettre à Lenny de sortir de la torpeur qui l'habite depuis son plus jeune âge, plus il agira, plus les choses paraîtront compliqués à remettre en ordre. Sa vie devient alors un immense livre, aux phrases rayées, gommées, et aux pages incertaines, arrachées, gribouillées. Et c'est ainsi que lui-même commence à perdre la raison, à se détériorer, tant physiquement que mentalement, pour devenir de plus en plus incohérent dans ses réactions. L'image est troublée, comme l'esprit, pour offrir des allers-retours incessants entre présent et passé, qui s'entremêlent, et la frontière entre causes et conséquences devient alors plus étroite que jamais.
À la recherche du bonheur, que sommes-nous prêt à faire ? Que voudrions-nous changer pour aller "mieux" ? Le pouvoir de rembobiner, de mettre sur pause, d'accélérer, comme dans un film, se transforme en un handicap voué à condamner son sujet. Evan, mis en garde par sa mère et son père, tout aussi mystérieux que lui, sentira de plus en plus l'étau se refermer sur lui en voyant les portes se refermer sur son passage. Le film propose alors, outre un scénario attrayant et haletant, de grandes interrogations sur nos choix, nos désirs, et leurs répercussions. Véritable intérêt philosophique, les réalisateurs s'offrent aussi une multitude de plaisirs visuels, destinés à marquer l'accentuation des troubles mentaux. Au-delà du rythme vif et de l'embriquement idéal des séquences, tous les acteurs portent véritablement le film sur leurs épaules, notamment les adolescents, qui marquent par ces frissons qu'ils arrivent à transmettre dans leurs actions et leurs réactions.
L'Effet Papillon, malgré quelques maladresses, ne peut que s'affirmer comme une œuvre vraiment intelligente, jouissive et perturbante, qui propose une expérience aussi spectaculaire durant le visionnage que lors des réflexions post-film. Rarement une histoire aura su me marquer avec autant d'efficacité, et ne serait-ce que pour son sujet aussi intéressant, il s'impose comme cultissime dans l'univers cinématographique.