Hormis son scénario de petit malin, bourré d'incohérences au passage, L'Effet Papillon n'a strictement rien pour lui. Non, le film se repose, s'arc-boute sur l'intelligence auto-proclamée de son intrigue passe-pommade destinée à flatter les neurones de ses spectateurs les plus bêtes, pour mieux soutenir la faillite artistique qui pèse sur l'ensemble du métrage. Ashton Kutcher en roue libre n'est pas là pour remonter le niveau. Il demeure évident que ce fantoche personnage a son nom inscrit depuis longtemps déjà sur la longue liste des acteurs payés simplement pour exhiber leur belle gueule de minet sans matière grise et leurs muscles gonflés au toc. Dénué de toute expression, flasque, mais plein de bonnes intentions, l'acteur fait peine à voir tant il a l'air de prendre son rôle ringard au sérieux. Bon, soyons honnête, il n'est pas des mieux servi avec ce scénario qui plonge son protagoniste dans un lot impressionnant de situations rocambolesques sans que cela ne le dérange le moins du monde. "Et hop, je change de vie comme de chemise dans l'indifférence la plus totale. Normal quoi!" Les dialogues sont piteux, la psychologie des personnages et taillée à coup de tronçonneuse, à l'image de la fille qui devient pute, défigurée, intellectuellement arriérée, passant son temps à tailler des pipes dans un taudis que mêmes les candidats de "C'est du Propre" n'auraient pas supporter, sous prétexte que son père a abusait d'elle étant petite. Autre exemple, le jeune garçon de 12 ans qui bascule dans l'ultra-violence du jour au lendemain , se prêtant à des séances de torture et de fracassages de tronches à coup de lattes, par la faute d'un homicide involontaire. En gros, le film se mue en témoin de la déchéance fatale auquel est confronté chaque être humain après avoir subit un traumatisme, par l'intermédiaire de la simple et réductrice équation suivante : Fais-toi violer, tu deviendra pute, assiste à un meurtre, tu seras assassin. Aucune intention moralisatrice bien sûr, juste une maladresse béotienne dans le traitement. En dehors de cet aspect, le film s'enlise dans la répétition par la faute d'une idée scénaristique mal étoffée, la mise en scène ne parvient jamais à exister autrement que par des effets sans intérêts, et le récit n'est rythmé que par des scènes se voulant choquantes, mais qui échouent là où les plus grands tâcherons du cinéma d'horreur parviennent malgré tout à un résultat. L'effet Papillon est donc à des années-lumières d'être ce que l'on pourrait appeler un film intelligent. Pour tout dire, il ne mérite pas non plus le titre indulgent de "bon divertissement", mais simplement qu'on le prenne pour ce qu'il est. Une bonne vieille merde comme on en voit une fois tous les quatre printemps, histoire de nous rappeler à quel point le Cinéma, tout noble qu'il est, peut parfois tomber bas.