''Love Actually'' est une comédie romantique britannique jusqu'au-boutiste. Une grosse bûche bien sucrée ou, en l'occurrence, un pudding. Sorti en décembre 2003, ''Love Actually'' est réalisé par Richard Curtis (scénariste de succès tel que ''Quatre mariage et un enterrement'', ''Bean'', ''Coup de foudre à Notting Hill'' et ''Le journal de Bridget Jones''). Gros succès public, ''Love Actually'' peut être considéré comme l'archétype du film de Noël, tant ce film est spécialement fait pour plaire au plus grand nombre.
''Love Actually'' étant un film choral offre ainsi une multitude d'histoires pendant Noël, toutes liées à l'amour. David, le Premier ministre (Hugh Grant) tombe amoureux d'une de ses collaboratrices, Nathalie (Martine McCutcheon). Daniel, un veuf (Liam Neeson) découvre que son beau-fils Sam (Thomas Sangster) est amoureux d'une fille de sa classe. Jamie Bennett, un écrivain de polars (Colin Firth) après avoir découvert que sa femme le trompait, se rend en France où il rencontre Aurelia, une portugaise (Lucia Moniz). Harry, un directeur d'une agence de design (Alain Rickman), marié à Karen, la sœur de David (Emma Thompson) est séduit par sa secrétaire Mia (Heike Makatsch). Sarah (Laura Linney) qui travaille à l'agence d'Harry n'ose avouer ses sentiments à Karl (Rodrigo Santoro). Billy, un chanteur sur le retour (Bill Nighty) aidé de son manager Joe (Gregor Fisher) fait la promotion de son nouveau single de façon bien singulière. Juliet (Keira Knightley), récemment mariée à Peter (Chiwetel Ejiofor) s'interroge sur la froideur de Mark (Andrew Lincoln), l'ami de Peter. Colin (Kris Marshall) part aux USA dans l'espoir de trouver l'amour. Enfin, Jack (Martin Freeman) et Judy (Joanna Page) font connaissance pendant leur travail : doublure de scènes intimes dans les films.
L'évidence qui saute aux yeux face à ''Love Actually'', c'est qu'on est gâté niveau casting. C'est presque du jamais vu : tout le gratin du cinéma britannique est là. Cela va des grands acteurs (Alain Rickman, Emma Thompson...) aux stars (Hugh Grant, Liam Neeson, Colin Firth...) en passant par les étoiles montantes (Martin Freeman, Chiwetel Eijofor...). Le problème avec ce genre de casting, c'est qu'il convient de donner un beau rôle à chacun, qu'il soit secondaire ou non. Ainsi, aucun des acteurs ne doit faire de l'ombre à son collègue. C'est ce qui explique en partie la longue durée du film (2 h 15) pour une comédie romantique : chacun doit apparaître régulièrement à l'écran. Ce procédé se nomme donc film choral, dont Robert Altman est sans doute l'expert. Mais toute comparaison est impossible : là où les films d'Altman sont très féroces, ''Love Actually'' est tout le contraire. Dès le générique, on a l'impression d'être devant une pub pour les aides humanitaires tellement c'est mièvre : des gens s'étreignent alors qu'une fois off nous assène les bienfaits de l'amour. Car ce film, comme l'indique subtilement son titre (hum!) est une apologie de l'amour. Et c'est tout. Ce qui est frappant avec ce film, c'est à quel point Richard Curtis nous répète la même chose pendant plus de 2 h. Mine de rien, Richard Curtis nous raconte de nombreuses histoires pour pas grand chose. Certes chaque histoire est différente mais toutes suivent le même schéma et aboutissent à la même conclusion béate en faveur de l'amour. Ce sentiment de redondance finit par lasser puisque cette quantité d'intrigues et de protagonistes ne se justifient pas : il aurait été justement intéressant que la conclusion soit différente pour chaque histoire, qu'une fin soit par exemple plus sombre qu'une autre etc. Ici, cet happy end démultiplié n'apporte finalement rien de bien constructif. Une histoire, deux histoires, quinze histoires, mille histoires... peu importe tant elles sont trop en adéquation l'une de l'autre : le nombre d'intrigues racontées aurait très bien pu changer à n'importe quel moment. De plus, est-ce vraiment encore aujourd'hui intéressant de nous montrer une telle vision de Londres ? Bus rouge, neige... le kitsch est évidemment au rendez-vous ! On apprécie ou pas.
Pourtant ''Love Actually'' ne se prétend pas comme une simple comédie romantique. Il n'est pas, comme par exemple ''Coup de foudre à Notting Hill'' un film inoffensif qui ne fait que raconter une romance. Il se dégage de ce film un parfum aigre et désagréable, d'autant plus désagréable que ce parfum est justement dissimulé derrière la comédie romantique. En effet, le film devient lourdement moralisateur car il ne cesse de nous répéter que l'amour c'est super, que tout le monde il est beau que tout le monde il est gentil... Un côté réac transparaît quand le film nous assène très sûr de lui ce qu'est le vrai mode de vie à suivre. La philosophie du ''do it yourself'' suinte sur l'ensemble du film qui étale sous nos yeux un ''English way of life'' proprement écoeurant. Il n'y a qu'à voir la courte scène, affligeante de clichés, au Portugal pour comprendre qu'en fait, il n'y a vraiment que l'Angleterre comme bô pays !
Gluant de bons sentiments et beaucoup trop long pour ce qu'il veut nous dire, ''Love Actually'' malgré son casting affriolant déçoit. Déçoit et répugne presque, tant la vision du réalisateur est étroite et ultra conventionnelle. Et les 2 mins 30 de Rowan Atkinson, bien que désopilantes, ne sauvent hélas pas le film.