Enfin vu ce film : une vraie curiosité… enfin satisfaite !
Au départ j’ai vécu le film comme une expérience cinématographique malaisante.
Je ne trouvais pas sain cette mise en danger de tous les instants.
Le fauve est par nature imprévisible, donc inutile de faire son beau !
Je me voyais comme un voyeur qui attendait ou appréhendait l’accident.
Cette radicalité artistique laquelle est consécutive à une radicalité éducative me rebutait.
J’avais la boule au ventre.
J’avais peur pour Noel Marshall qui me semblait en faire trop. Son enthousiasme me paraissait artificiel, exagéré.
De plus, le début est une présentation des fauves à Mativo (Kyalo Mativo) avec une visite guidée des lieux. Tout me semblait surfait là aussi.
Tout était prétexte à.
Un montage avec faux raccord :
à un moment donné après des ébats quelques peu musclés avec ses fauves, on voit Noel Marshall avec un bandage à sa main gauche puis le plan suivant, plus de bandage ; puis le bandage revient et par contre, on le verra en mettre un quelques plans suivants.
Alors que Hank (Noel Marshall) est absent, la famille arrive devant la maison sans aucun fauve dans les environs. La famille abandonne les valises et rentre excitée dans la maison ; et c’est seulement après avoir ouvert des volets que les fauves entrent en action.
Ceci pour dire qu’au début du film, la maison était entourée de fauves. Mais Noel Marshall veut créer un suspens… vain.
Et là, va s’ensuivre de longues séquences de poursuites entre la famille, constituée de la mère et de ses trois enfants, une fille et deux solides gaillards, et les félins, dans la maison, à l’extérieur, sur un plan d’eau.
Tout ceci sur un fond musical parfois bucolique, parfois fantaisiste. Mais à aucun moment une musique inquiétante.
Et pour cause : Noel Marshall invite les spectateurs à s’amuser d’une famille qui joue les souris coursées par de gros matous dangereux.
En vérité, la famille dans le film est la famille de Noel Marshall dans la vie.
Noel Marshall et sa compagne Tippi Hedren et leurs enfants, dont une certaine Melanie Griffith, connaissent et les lieux et les fauves.
Ils sont chez eux.
Ils s’amusent à faire les acteurs. Ils sont acteurs de leur vraie vie au milieu de leurs vrais fauves.
Ce ne sont pas des fauves nés d’images de synthèse ou d’effets spéciaux. Les coups de griffes et les morsures sont véritablement donnés et reçus !
C’est que du bio !
Tout est vrai, les chutes, les fauves qui s'abattent sur les corps, les cascades en moto, les chutes dans l’eau, et bonus avec Tippi Hedren luttant contre un éléphant !
Seule la fausse décontraction est jouée !
On peut percevoir l’imperceptible crainte des membres de la délégation venue amender Hank pour sa gestion toute radicale de ses fauves.
Même Mativo ne semble pas toujours à l’aise.
Un tournage qui s’est éternisé sur 6 ans alors qu’il était prévu pour six mois.
Certainement un tournage éprouvant émaillé d’accidents. On compte 70 personnes victimes des fauves, à commencer par Noel Marshall, gangrène ; Melanie Griffith, chirurgie réparatrice ; Jan de Bont, scalpé et Tippi Hedren, jambe cassée.
Le film aurait sans doute été plus percutant sous la forme d’un documentaire.
Ne ressentant plus de malaise au fur et à mesure que le film se poursuivait, je me plaisais à considérer « Roar » comme un documentaire scénarisé.
Un scénario maladroit avec des dialogues creux. Le plus important, c’est ce que l’on nous donne à voir.
Et c’est impressionnant, je l’avoue.
Sous ses faux airs de snuff-movie, « Roar » prouve que l’homme - que dis-je ? - une famille peut vivre avec des fauves non dressés.
J’imagine que le dressage est une violence faite aux animaux selon le couple Marshall-Hedren.
Ce en quoi, ils n’auraient pas tort.
En tous les cas, un vrai film d’horreur, et comme je le dis souvent, si je ressens, je crois au film. Et là, il est impossible de ne pas y croire.
Si je partage la philosophie du couple, je ne partage pas leur mode de vie qui me paraît friser l’inconscience en y mêlant les enfants.
Après tout, de quoi je me mêle ?! Chacun a le droit de vivre sa vie comme il l’entend.
« Roar » en est un parfait et insolite exemple de vie.