Encore un film encensé par une certaine critique et qui pour moi est resté d’un ennui poli…Une somptueuse demeure dans le sud de la France, sous un ciel d’automne. Nous sommes dans les années 1960 (on parle en anciens francs et les numéros de téléphone n’ont que 8 chiffres , Suzanna Andler, riche et oisive , vient visiter une splendide villa sur les hauteurs de Saint Tropez qu’elle envisage de louer pour l’été…aux yeux de l’agent immobilier qui propose cette location , elle forme avec son mari la famille idéale pour une telle villa…Suzanna s’empresse de le désillusionner en se présentant comme l’une des femmes les plus trompées de la Côte d’Azur. Adaptant une pièce de Marguerite Duras, que finalement elle désavouera, Benoît Jacquot, l’un de ses proches, avait accepté d’en tirer un film mais qui ne sera pas tourné du vivant de Marguerite Duras … Trois décennies plus tard il reprend sa promesse et signe une mise en scène qui peut fasciner par son sens de l’espace, son découpage, ses longs travellings, cette alternance de plans larges ou serrés, qui donnent à voir et à éprouver la détresse de cette femme, ses doutes, ses désillusions. En dehors de l’élégance de cette mise en scène, le film est dépourvu de chair et d’âme. L’ennui et le spleen de Suzanna deviennent les nôtres. Michel , journaliste plutôt désargenté, à l’abord ombrageux, vient la rejoindre …c’est son amant depuis quelques mois…
Suzanna Andler devient vite un huis clos étouffant, dans cette vaste maison, dont on ne quitte pas la pièce principale…ce grand salon prolongé par la terrasse au-dessus de la mer ressemble à une scène de théâtre, il est en effet beaucoup question d’amour et de ses corollaires, de jalousie, de faux semblants, et de mensonges.
Les personnages montrent peu de préoccupations matérielles en revanche se laissent submerger par leurs préoccupations existentielles qui finissent par nous lasser… un peu comme dans certains films de Jean-Luc Godard pour les gens de ma génération…
Le film offre un beau rôle à Charlotte Gainsbourg. Son personnage transcende son interprète, et n’existe pourtant que grâce à elle. Le jeu de Niels Schneider est moins convaincant …
Et finalement, passé le moment de la découverte du personnage de Suzanna et du cadre théâtral du film, le tout semble tourner à vide jusqu’à épuisement des protagonistes et des spectateurs…dont je j’étais !!! Et le film garantissait le respect des distanciations physiques puisque nous n’étions qu’une dizaine dans la salle….