Je n'aime pas vraiment le peu de films que j'ai vu de Wyler, mais celui-ci m'a plus plu, peut-être parce que c'est quasiment un huis clos, qu'il y a une unité de temps et peut-être aussi parce qu'il y a Kirk Douglas. En fait j'ai beaucoup apprécié le film au début, Wyler donne un côté vivant à ce commissariat de police, les suspects entrent, les affaires s'enchaînent et limite on aurait l'impression qu'aucune n'est plus importante qu'une autre. Les policiers et le spectateurs ne savent plus où donner de la tête et font mille choses en même temps.
La frénésie du commissariat rend vraiment bien à l'écran puisque dans le même plan on voit les protagonistes des différentes enquêtes se succéder ou s'invectiver. Il y a un côté organique à tout ça.
Mais là où le film commence à devenir vraiment intéressant c'est avec le personnage de Kirk Douglas, il est immédiatement présenté comme ambigüe, un avocat a peur qu'il batte son client. Ce qui tranche avec la scène suivante où on le voit tout amour avec sa femme. Petit à petit le spectateur découvre quel est le mal qui le ronge et j'ai trouvé ça bien pensé de mettre en héros du film un personnage qui est trop intransigeant, qui recherche trop la pureté, qui se met à répandre la violence jusqu'à l'autodestruction en pensant faire le bien.
Et donc ça porte le film pendant environ une heure, mais sur la fin j'ai trouvé que ça en faisait trop, que tout ça se goupillait trop bien... peut-être parce que c'est adapté d'une pièce de théâtre... mais tout ça fait un peu forcé, un peu faux. Et c'est dommage. Même si je trouve l'idée vraiment excellente de voir un type porté par la vertu, voir son goût pour cette vertu le perdre en quelques heures à peine, ben l'exécution est sans doute un poil poussive... et la toute fin est un peu grotesque tellement ça en fait des caisses.
Mais bon, un film noir qui se passe, pour une fois, à New York, avec un Kirk Douglas bien ambigüe dans un huis clos bien vivant, franchement ça passe très bien. Surtout qu'on y croit à la vie de ce poste de police. Donc c'est plutôt un bon film, mais juste était-on sans doute en droit d'en attendre plus ou du moins d'un poil plus de subtilité dans le final.
Néanmoins je tiens à souligner que le film parle d'avortement tout en euphémisme et sans le nommer, et j'ai trouvé ça bien joué. Au début l'un des suspects est présenté comme un tueur de femmes et d'enfants, on ne comprend pas tout de suite de quoi il s'agit réellement, ce qui pousse sans doute le spectateur et d'autant plus aujourd'hui à considérer que le perso de Kirk Douglas est dans son bon droit à maltraiter un peu le prévenu.
Puis au fur et à mesure que l'on comprend, le discours sur l'avortement semble un brin s'adoucir (toujours sans le nommer), on a un personnage qui l'explique et là on voit réellement où mène l'intransigeance et la recherche absolue du bien de Douglas. Je suppose que le mot avortement n'a pas pu être prononcé à cause du code Hays, mais j'ai trouvé ça pas mal, ça permet d'être au départ avec le personnage de Douglas avant de s'en éloigner petit à petit comprenant sa folie.
Bref, ça vaut le détour, malgré la fin trop théâtrale.