"Le repas" est l'adaptation d'un livre de l'auteur japonaise fumiko hayashi, dont Naruse adapta six ouvrages. Bien qu'il ne la rencontra pas, la proximité de son destin personnel avec celui de l'écrivain explique sans doute pour beaucoup l'attachement qu'il eut avec son oeuvre. L'exercice le plus commun que l'on rencontre chez les commentateurs de Naruse est de comparer ses films avec ceux d'Ozu. Pratiquement dans tous les exemples, Ozu a leur faveur et Naruse fait office de second. Proche mais second. Selon moi, l'explication ne tient aucunement aux qualités de réalisateur de Naruse, mais tout simplement à l'univers désespéré de ses films qui laissent de façon quasi systématique au spectateur un sentiment amer. Si j'osais la comparaison, je dirais que Naruse serait Schopenhauer et Ozu, Nietzche. Ici, dans "le repas" très maladroitement traduit, ce serait plutôt "le plat "le plat est moins acide que dans beaucoup de ses films. Parce que c'est de ça dont il s'agit. Le plat à avaler, c'es à dire la réalité des choses. Autrement dit la perte des illusions et la réalité du quotidien. Le passage où le couple franchit une étape qui n'est pas la plus romantique. Ici Naruse nous raconte le questionnement d'une femme mariée qui se trouve confrontée à l'usure de son couple. Va t elle rester avec son époux ou tenter une autre histoire avec quelqu'un d'autre ? Elle finit par prendre conscience de ce qu'elle a. Magnifiquement réalisé, "le repas" n'est pas loin du chef-d'oeuvre. C'est neammoins un film excellent, finalement assez proche, selon moi, de "la nuit" d'Antonioni dans sa thématique. Je dis bien dans sa thématique, car je préfère " la nuit" à "le repas" les deux films touchant les sommets de l'art cinématographique. Témoignage de la proximité entre Ozu et Naruse, on retrouve ici Setsuko Hara, interprète fétiche d'Ozu qui fut très certainement sa compagne à la ville. Le temps passant, l'oeuvre de Naruse nous est peu à peu montrée. J'espère que l'on pourra plus facilement avoir accès à tous ses films encore visibles, puisque beaucoup se sont malheureusement perdus. Rappelons que B Tavernier plaçait dans la liste de ses dix films préférés, " le grondement de la montagne " et que Jean Loup Bourget historien du cinéma, collaborateur de longue date à la revue Positif et auteurs de nombreux ouvrages de référence, citait "nuages d'été " du même Naruse dans la liste de ses dix films préférés de tous les temps. Ceci situe, le niveau de ce réalisateur, un des géants de l'âge d'or du cinéma japonais des années 50 et 60, période où ce dernier était un des plus accomplis du monde. Excusez du peu !