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Pascal
159 abonnés
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4,0
Publiée le 8 août 2021
Dernier film de Naruse, "nuages d'été " est une chronique familiale située après la seconde guerre mondiale, dans la campagne japonaise. La société est en mutation. Voilà exposé l'éternel conflit de génération sur fond de mariage arrangé, avec pour fondement les intérêts économiques. Le père veut conserver son exploitation agricole, certains membres de la famille veulent aller à la ville , d'autres choisir par amour leur conjoint. Oui il y a des nuages sur la vie de chacun des membres de cette famille. Filmé en grand format et en couleur, Naruse réussit à nous transmettre ( comme toujours) de fortes émotions. Le seul bémol que je formulerais concernant cet opus porte sur le scénario et les enjeux de l'intrigue. La multiplicité des personnages nous perdent un peu durant la première partie notamment. Si certes, on est ici toujours proche de l'univers d'Ozu, il me semble que Naruse aborde dans cette œuvre une thématique que n'aurait pas reniée Immamura. Pour nous occidentaux, le film révèle vraiment toutes ses richesses à la deuxième vision. Jean Loup Bourget , historien du cinéma citait " nuages d'été " parmi ses dix films préférés. Les amateurs des films de l'âge d'or du cinéma japonais ne le manqueront pas. C'est un très bon film qui nous fait regretter, une fois de plus, la confidentialité dans la diffusion de ses films en occident. Naruse est considéré au Japon, comme chacun le sait, comme un réalisateur de l'importance des plus grands et c'est largement mérité.
Très beau film de Naruse dans lequel l'intrigue s'articule autour du beau personnage féminin d'une veuve de guerre. La palette des couleurs convoquée par le cinéaste donne à cette œuvre, en partie champêtre, la beauté de certaines toiles impressionnistes. Riche et complexe, le scénario met l'accent sur les changements sociétaux de l'après-guerre et l'émancipation des enfants de paysans, plus attirés par une vie citadine que par la culture de la terre. C'est aussi l'observation de plusieurs liaisons amoureuses, qui en dépit de la pression familiale, parviennent à trouver un équilibre subtil.
Portait touchant de la paysannerie japonaise à l'heure où les mariages sont de raison pour servir la terre. Il y a un peu d'humour dans les dialogues mais surtout de l'amertume et au-delà même des preuves d'amour entre enfants et parents. Il y aussi un constat des temps jadis par rapport à la modernité. Les vieux ne comprennent plus les jeunes mais le temps avance et les nuages masquent les étés d'autrefois.
J'ai une grande admiration pour le cinéma de Mikio Naruse. Je ne tarirai jamais assez d'éloges sur des œuvres brillantes comme "Le Grondement de la montagne" ou "Nuages flottants". Mais là pour le coup, il m'a un peu déçu. C'est le premier en couleurs du réalisateur. On le croirait jamais tellement il arrive à la perfection à maitriser sa photographie. Ce n'est peut-être pas du Douglas Sirk mais on en est vraiment pas loin. Et voir des paysages de campagne japonais avec une telle photographie, c'est un régal pour les yeux. Oui, des paysages de campagne... ce qui fait que le film a une belle valeur documentaire en nous montrant ce que c'était la ruralité, alors au bord de la quasi-extinction... d'ailleurs c'est le thème du film, au Pays du Soleil levant dans les années 50. Ben oui mais avec tout ça, pourquoi cette déception ??? Tout simplement parce que dans un premier temps on se creuse pas mal la tête pour essayer de reconstituer l'arbre généalogique de la famille, présentée d'une manière un peu confuse, qui est le cœur du film, et une bonne partie de ce dernier est déjà passé quand on y parvient enfin ; ensuite parce qu'une fois que cet arbre généalogique est à peu près constitué dans son cher crane on s'aperçoit que cette même famille a beaucoup trop de membres pour que chacun puisse vraiment bien être approfondi. Seuls la veuve de guerre et son frère, patriarche qui ne peut qu'assister impuissant à la désertion de ses enfants de la campagne pour la ville, échappent à cette faiblesse. De plus, j'ai trouvé que sur ce coup-ci que le cinéaste appuyait un peu trop son histoire sur les dialogues ce qui fait que l'ensemble a un côté bavard un peu lourd. "Nuages d'été" n'est pas déshonorant, en particulier grâce aux qualités que j'ai abordées en début de critique, mais de la part de Mikio Naruse je m'attendais à beaucoup mieux.
Très beau film encore une fois, qui marque le conflit entre la vieille génération conservatrice et la jeunesse japonaise qui veut aller de l'avant, Naruse suit ses personnages sans s'impliquer dans le propos. Il sait saisir la vie de tous les jours à travers des anecdotes banales, mais auxquelles il donne suffisamment de profondeur pour qu'on ne s'ennuie jamais. Le sujet est courant au Japon, mais traité avec une telle simplicité qu'on pourrait croire regarder un documentaire, suffisamment romancé néanmoins pour donner corps à un film magistral, c'est vraiment un tour de force.
À sa manière, subtile et amère, Mikio Naruse témoigne d'un changement sociologique, d'une opposition forte entre tradition et modernité, qui se traduit par une incompréhension entre les générations. C'est un thème classique du cinéma japonais, que l'on retrouve notamment dans les films d'Ozu. On est moins habitué, en revanche, à cette peinture de la campagne japonaise, magnifiée ici par des couleurs vives. C'est le premier film que Naruse tourne en couleur et pour écran large. Il en exploite tout le potentiel. À noter aussi : un beau portrait de femme (Yae), dont le réalisateur s'est fait une spécialité. Une femme insatisfaite, qui tente de s'émanciper sans pouvoir vraiment se défaire du poids des valeurs ancestrales.
Un journaliste s'installe à la campagne pour rédiger un article sur les paysans de la région d'Atsugi. Il fait alors la connaissance d'une jeune veuve qui va lui conter l'histoire de sa famille. Le premier film en couleurs de Naruse, aux images expressionnistes particulièrement esthétiques, satire de la vie - austère et dure - des paysans japonais après la guerre et la défaite. La prise de conscience progressive du citadin confronté aux dures réalités rurales est particulièrement bien rendue.
"Nuages d'été" tranche en de nombreux points par rapport aux deux autres films du beau coffret Naruse édité cette année, "Le Repas" et "Nuages Flottants" : d'abord, et c'est une évidence dès les cinq premières minutes, par la splendeur formelle de ses images, et de cette radieuse lumière d'été sur la campagne japonaise ; ensuite, par la complexité d'un récit qui entremêle de nombreux personnages pour arriver à dépeindre de la manière la plus précise possible (Naruse est un maître du réalisme, bien plus que ses autres contemporains de génie, tels Mizoguchi et Ozu) la mutation sociale du Japon à la fin des années 50. Mais la tristesse infinie de ce destin de femme sacrifiée par la vie, alors que sa famille évolue - et quitte les rizières - permet bien sûr à Naruse de prouver à nouveau son savoir-faire dans le mélodrame (sobre). Enfin, on notera que la description des moeurs familiaux et sexuels du Japon de l'époque offre aujourd'hui au film un intérêt "sociologique" non négligeable...