Soleil rouge est un western indéniablement assez spécial, de par son casting éclectique et prestigieux et son histoire originale.
Le casting en effet est un très bon point, car non seulement il est convaincant sur le papier, mais il l’est tout autant à l’écran. Bien sûr il y a le duo Bronson-Mifune, qui vaut franchement le déplacement. Fortement improbable, il est pourtant excellent, et le film qui exploite pleinement les oppositions culturelles le rend d’autant plus attrayant. On rigole bien, il faut le dire, et les acteurs s’en donnent à cœur, surjouant légèrement pour notre plus grand plaisir. Néanmoins il faut avouer que celui qui m’a le plus étonné, quoiqu’il apparait finalement peu, c’est Alain Delon en méchant. Il a franchement beaucoup de charisme, et livre une composition étonnante en tueur froid et sans état d’âme. J’ai beaucoup apprécié sa prestation. A cela s’ajoute le charme d’Ursula Andress, qui n’a pas eu une carrière bien prestigieuse, mais qui peut au moins se targuer d’une très honnête interprétation ici.
Le scénario est solide. Il exploite très bien son particularisme, en plongeant un japonais en plein Far West. C’est drôle, il y a des moments d’émotions, et de l’action, pour un mélange efficace. Cependant il faut avouer que le métrage tend à être un peu trop long, avec forcément des coups de mou qui rendent l’ensemble finalement moins attrayant que ce que le début pouvait promettre. C’est un peu embêtant, et peut-être que le film aurait dû davantage exposer son méchant justement, histoire de rendre l’ensemble moins linéaire, et de casser quelques répétitivités. Mais bon, ça reste tout de même plaisant à suivre.
La réalisation de Terrence Young tient la route. Si c’est un peu désordonné parfois lors de certains affrontements, néanmoins il magnifie les paysages, il offre quelques moments brillants (l’attaque du train), et on sent un metteur en scène expérimenté, solide, qui, sans livrer quelque chose d’exemplaire, sait tenir un film. Soleil rouge qui peut aussi compter sur ses sublimes décors. Très variés, très originaux pour certains, c’est tous les paysages de l’ouest américain qui y passent et c’est très agréables, d’autant que la reconstitution est elle aussi fort réussie. La photographie a pris du plomb, et il y a quelques défauts typiques de ces films anciens (la nuit qui n’apparait pas très nocturne par exemple), néanmoins c’est suffisant pour convaincre. Je relève aussi que ce film ne néglige pas les petits détails. Il y a du sang sur le sabre du samouraï lorsqu’il tue quelqu’un, les blessures saignent aussi, chose pas si courante, même aujourd’hui, ce qui donne une dimension réaliste assez plaisante aux combats. Enfin, la musique est très réussie. Le film, doté d’un thème majeur, se débrouille à merveille de ce point de vue, aidé par un grand nom il faut le dire, mais que l’on découvre presque avec surprise au générique !
Ainsi Soleil rouge est une curiosité, mais une belle curiosité, qui mérite amplement la découverte. Surement un peu trop long, trop linéaire, il reste néanmoins un western de facture très convenable, et tout à fait appréciable. 4.