Casting international à 4 étoiles pour un western européen dirigé par Terence Young, Soleil Rouge c'est avant tout la rencontre improbable entre les univers du western et du samouraï. Si le scénario ne réinvente pas le genre, il nous offre une belle séquence d'attaque de train filmée avec métier, un combat final rondement mené et une solide confrontation entre Charles Bronson, à qui le cynisme sied à merveille et Toshiro Mifune en guerrier Moyen-Ageux déterminé. Le grand intérêt du film est dans l'évolution mutuelle de ces deux personnages. Nous sommes dans les années 70, le western a évolué et le héros est devenu un antihéros, sous les coups de la vague italo-leonienne, il est désromais tantôt voleur, tantôt tueur froid, immoral, à l'humour noir aiguisé ... c'est le personnage de Bronson. Le personnage de Kuroda est quant à lui l'héritier des "samouraïs de l'Ouest", façon 7 mercenaires (Coïncidence d'autant plus amusante lorsqu'il s'agit de la rencontre entre Mifune-Bronson). Kuroda est un héros guidé par son honneur pour qui la quête de ce qui est juste est primordiale ... C'est l'ancien monde, et l'ancien western, celui qui est appelé à disparaître car, s'il peut s'accorder du bon temps, il refuse obstinément la modernité qui ne lui correspond pas, il s'en va tout en laissant quelques messages bien sentis, qui rendent meilleurs ceux qui le remplacent, qui ont appris à l'apprécier, à l'admirer, c'est là tout le sens de l'histoire. Au casting, Ursulla Andress joue au mieux de ses atouts, quand Capucine épouse parfaitement son personnage de tenancière de maison close, la déception est plutôt du côté de Delon. J'adore Delon dans les films noirs, mais je trouve qu'ici il peine à trouver le ton juste, physiquement on dirait que le personnage est inspiré de Jack Palance dans "Shane", sans la froideur et avec un côté un peu dandy, un charisme chancelant pour mener une bande de hors-la-loi peu sympathiques. Si la façon dont sont représentés les Comanches est ridicule à souhait, les scènes d'action restent efficaces, et la partition de Maurice Jarre très juste. L'ensemble se regarde donc avec un réel plaisir et un goût certain pour l'exotisme.