Une phrase qui fait tout basculer.
"Le Fils" est clairement un film du dogme 95.
Une caméra épaule, des plans très rapprochés, trop peut-être au début, aliénants par la suite.
Il ne faut oublier de remarquer un brio dans la façon de filmer, si tant est qu'on accepte être dans un dogme, illégal, mais que c'est bien fait.
Au début on souffre de plans trop rapprochés, et puis on comprend qu'on a pas d'autres choix, que d'être au coeur, plein milieu du débat.
Au fur et à mesure, le trop près prend du sens, comme projetés dans un voyeurisme justifié, et le trop près devient un dogme à lui même.
Un jeu froid, cru, des dialogues plutôt vrais, pour un drame social.
Une faim grandiose, taillée dans le bois, sans plus ni moins, on ne demanderais presque plus rien.
(Si, qu'il charge un peu plus tôt. Une ou deux planches de plus, juste pour le rythme, et puis c'est tout.)
Mais tout, tout balayé par une phrase, qui passe de quatre à deux étoiles,
Une seule et simple phrase qui fait de ce film ni plus ni moins,
Une phrase cruelle qui rend le tout à néant.
"Il a tué notre fils."
Une phrase qui arrive bien trop tôt.
Le film tient sur l'ambiguité, mais par cette phrase, balaye tout ce qui peut arriver.
Une phrase qui me donne envie de descendre plus bas que deux, une phrase qui ruine tout simplement ce film.
Une phrase, une toute petite phrase, et puis s'en vont.
S'en vont toutes les substances du film, et tous les espoirs désespoirs.
Une phrase qui gâche tout, comme une bande juste à remanier,
Une phrase qui fait de ce film un film juste un film, tandis qu'il aurait pu être un grand film.
"Il a tué notre fils."
Dommage.