Peu après son King Of New York, Ferrara revenait avec son Bad Lieutenant, campé par l'excellent Harvey Keitel. Cette proximité de réalisation permet d'autant plus de rapprocher le grand thème de ces deux oeuvres: la rédemption, qu'elle soit celle d'un mafieux repenti ou d'un flic voleur, amoral, drogué. L'un est parrain de la drogue, l'autre se détruit avec.
Bien que King of New York se révèle un excellent cru, Bad Lieutenant m'apparaît supérieur; la raison principale en est la mise en scène, très terre-à-terre, brutale, sous bien des aspects quasi-documentaire (pour cause, Ferrara et son équipe eurent souvent recours aux "images volées", en filmant sans aucune autorisation dans les rues de New York). Et c'est justement cet aspect de tournage pris sur le vif qui donne une force au propos.
L'histoire, elle, est simple, déjà vue, mais tellement bien gérée et amenée qu'on est ébloui par la maestria de Ferrara ; n'étant pas croyant (contrairement à lui), je n'ai néanmoins pas boudé mon plaisir dans cette confrontation certes manichéenne, mais où les valeurs pures et métaphysiques permettent de mieux détacher les déviances et horreurs humaines contemporaines.
Aussi Bad Lieutenant se situe-t-il comme un film clef et une référence en la matière ; film culte, jouant sur les séquences violentes, crues, sordides (de longs plans de shoots à la seringue réels et non simulés, entre autres), il demeure l'un de mes films préférés, tous genres confondus.