Capable de s'adapter à de nombreux genres et époques, Michael Casablanca Curtiz se retrouve en 1958 à diriger le seul King, Elvis Presley, via King Creole, dans un rôle qui fut d'abord écrit pour James Dean.
Il propose ici une synthèse entre film noir, musical et adolescent, sachant mêler ces thématiques pour créer une œuvre marquante, réussie et pouvant traverser les âges. Curtiz nous emmène dans la Nouvelle-Orléans des années 1950, où il privilégie surtout une atmosphère de film noir, jouant bien avec l'absence de couleur et instaurant avant tout une dimension assez sombre, où il va aborder des thématiques fortes, autour de la fin de l'adolescence, de son rôle dans la vie et la façon de gérer des mauvaises fréquentations.
King Creole va surtout s'intéresser au personnage d'Elvis Presley, bon gars mais en échec scolaire et devant faire face à de mauvais types et n'étant jamais loin de magouilles louches. Il est touchant par sa volonté de toujours bien faire mais voyant des obstacles se dresser face à lui, son père étant compris dedans. Curtiz le cerne bien, le rend attachant, lui ainsi que les liens qu'il va tisser avec les personnages gravitant autour de lui. Ces derniers sont d'ailleurs vraiment intéressants et bien écrits, à l'image des personnages féminins ou encore de Walter Matthau, parfait gangster antipathique.
Sans être au cœur du récit, la musique joue tout de même un rôle important, et le King, très rock'n' roll, se montre à la hauteur, avec quelques passages mémorables, à l'image de Trouble, King Creole ou encore le final. L'une des forces du film se trouve aussi dans son cadre, avec la ville de la Nouvelle-Orléans, assez sombre, comprenant voyous, ruelles ou encore trompettistes de Jazz. Curtiz l'exploite bien, et se montre audacieux dans la dénonciation des mœurs de l'époque, qui vont souvent barrer un parfait Elvis Presley dans ses ambitions et envies de bien faire.
Michael Curtiz sublime le King Elvis Presley en signant King Creole, jouant à la fois sur l'aspect musical, celui du film noir ou encore la sortie de l'adolescence, et mettant parfaitement et audacieusement en scène une Nouvelle-Orléans en proie aux voyous, ruelles sombres et musiciens.