Hitler connait pas est en fait un documentaire qui se présente comme une succession de témoignages à l’intérêt un peu faible, car finalement il n’y a pas grand-chose de très particulier. Ces jeunes gens sont à peu près comme nous au bout du compte, et si l’on peut s’y retrouver, je dirai qu’on reste sur du témoignage informatif, aride si l’on n’est pas sociologue !
Coté réalisation Blier a choisi le minimalisme, se limitant pratiquement qu’à du face caméra. Décors 0, noir et blanc, musique presque pas présente, mise en scène sans aucune fioriture, Hitler connait pas se veut assez austère, sans doute pour réaffirmer son côté document informatif, et renforcer sa dimension sérieuse, car finalement ne frôle-t-on pas, parfois la fiction ? Cette austérité formelle a de quoi rebuter, ça n’en rend le film que plus lourd, je ne comprends pas trop ce choix finalement, mais je le respecte malgré tout.
Il s’agit d’un documentaire, donc ce qui reste le plus intéressant c’est tout de même le fond. Hitler connait pas c’est donc un panorama jugé représentatif de la jeunesse du début des années 60, du parcours de ces jeunes, de leurs ambitions, de leurs situations présentes, chacun des intervenants parlant de sa vie avec une certaine franchise apparente, mais sans que l’on n’ait confirmation de tout. Il y a des parcours intéressants, mais clairement Blier ici saisit davantage l’air du temps, et fixe en image les aspirations d’une jeunesse, qu’il ne fait œuvre de documentariste. On est dans le témoignage, rien de plus, et comme il s’agit de jeunes gens comme vous et moi (quoique !), on n’a pas en plus le côté « exotique » d’un personnage au parcours hors du commun, dont les multiples vies ou la vie très particulière peut nourrir un document de ce genre de façon suffisante pour maintenir l’attention.
En clair je donnerai la moyenne à ce film en prenant en compte son ambition : faire témoigner la jeunesse d’une époque sur la manière dont elle se perçoit pour offrir aujourd’hui une matière qui plaira aux sociologues et aux nostalgiques. Ce n’est pas grand-chose de plus, et à moins que vous vous plaisiez à vous retrouver dans les déboires amoureux des intervenants, leurs soucis d’orientation scolaire ou leurs débuts à l’usine, je ne crois pas que la majorité des gens sera très scotché devant ce film. 2.5