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Cinéphiles 44
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1,5
Publiée le 18 novembre 2024
"La Route de Corinthe" s'aventure dans le registre du film d'espionnage, mais peine à convaincre. L'intrigue, centrée sur une enquête autour d'appareils radar sabotés en Grèce, manque de tension et de cohérence, tandis que les personnages restent superficiels. Malgré quelques belles images des paysages grecs, le film souffre d'une mise en scène terne et d'un scénario confus, diluant toute tentative de suspense.
On espère que Chabrol et ses interprètes on passé de bonnes vacances en Grèce et que le cinéaste à pris quelque plaisir à faire tourner la sensuelle Jean Seberg dont il fait son héroine. Car on ne voit pas d'autres raisons d'être à cette comédie d'espionnage aussi désinvolte que parodique. Dans cette vague intrigue où quelques trafics menacent la puissance de l'OTAN, Chabrol propose un récit tout à fait approximatif et pas sérieux, et dont le sujet semble la moindre préoccupation du réalisateur. Film étrange et ouvertement brouillon, "La route de Corinthe" rappelle tantôt, par les dialogues décalés de Daniel Boulanger, les comédies enjouées de Philippe de Broca, tantôt les inventions cocasses, anticonformistes d'un Godard jouant des conventions de genre. La comparaison s'arrête là, et pour qu'on puisse prendre un quelconque intérêt à cette intrigue qui n'en a absolument pas, il aurait fallu que Chabrol imagine de vraies séquences de comédie, ébauche de vrais personnages. Ainsi, Michel Bouquet, en barbouze goguenarde, aurait mérité un meilleur sort, à condition d'étoffer le rôle. En l'état, et en dépit de la fantaisie estimable et de la liberté que s'octroie Chabrol, le film ne produit que des bribes de scènes incohérentes et des protagonistes curieux mais creux.
Malgré un casting attrayant, cette route est interminable, semée d'embuches plus insignifiantes les unes que les autres. Heureusement, après ce naufrage, Chabrol reviendra à des sujets plus consistants, qui l'inspireront davantage.
Qui aurait put croire, à la vue de cette piètre première collaboration, que le duo Claude Chabrol/André Génovès allait donner quelques chefs-d'œuvre au cinéma français (La Femme Infidèle, Que La Bête Meure, Le Boucher...)? Pas moi en tout cas! Il faut dire que La Route De Corinthe illustre à merveille les errements cinématographiques du père Chabrol lorsqu'un sujet ne l'inspire pas. Pour sa défense, il faut rappeler qu'il essaya en vain de changer le scenario qui lui semblait stupide. Au final, rien ne tient la route dans ce triste film d'espionnage: intrigue soporifique, acteurs en roue libre, réalisation bas de gamme... Heureusement, ce grand réalisateur allait bien vite reprendre son destin en main avec des productions un peu plus sérieuses et intéressantes que ce mauvais long-métrage.
Faisant partie des ses films alimentaires (que Chabrol considéré comme du mauvais cinéma) La route de Corinthe ne parvient jamais à être aussi plaisant que Marie-Chanta contre le docteur Kha (autre parodie de film d'espionnage de Chabrol) ; c'est tellement mou et lent que l'on s'ennuie à tout instant et ce bien que le casting soit attrayant. En fait la seule séquence réussie dans La route de Corinthe c'est l'interrogatoire du magicien au début du film.