Il y aurait beaucoup de questions à soulever durant l'expérience Solaris, pour au final assez peu de réponses. Que ceux qui s'attendent à un voyage spatial ne s'enthousiasment pas trop, le film tend davantage du voyage de l'esprit, cet esprit torturé qu'est celui du personnage de George Clooney. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si une bonne partie du film s'attelle à nous présenter des flash back de la vie antérieure du héros, où s'entremêlent la naissance d'un amour, son évolution et sa chute. Soderbergh exploite le cadre des confins de l'espace pour traiter ce thème avec psychologie et philosophie. Un mélange d'idées et d'idéaux, qui vibrent au gré des surprises que semble créer la planète Solaris.
Le personnage n'a plus de but, de raison de vivre, sa vie terne va prendre un nouveau départ quand il se retrouve près de cette planète mystérieuse, sur un appel à l'aide d'un ami désespéré. Doit-il essayer de comprendre ce qui se passe ou doit-il se laisser entraîner par les évènements ? Lui-même n'arrive pas à répondre à cette question, balloté entre le déni et l'aperçu d'une seconde chance. Rongé par la culpabilité, il va finalement devenir un spectateur apathique de la vie du vaisseau, devenant un pion comme les autres, subissant l'irrationalité grandissante avec la même acceptation. Solaris devient un monde où tous les rêves sont possibles, où tous les choix n'ont plus d'importance et où la vie peut se fondre à la mort en gardant ses illusions et ses fantasmes.
Le film sonne donc comme un test que le personnage doit subir pour faire son deuil, et la seule question est la suivante : Va-t-il réussir à oublier et aller de l'avant ? Pourtant, une phrase insiste toujours, le ramenant sans cesse en arrière : "L'amour triomphe de la mort". Solaris et l'amour aspire le personnage vers une descente dans les profondeurs de l'esprit, à la recherche de son désir le plus intense, un choix entre vie et amour, comme si les deux ne pouvaient pas cohabiter.
D'un esthétisme intriguant et confiné nous découvrons la subtilité de la relation du couple, ces instants si particuliers que eux seuls connaissent. En les mettant en relation avec des questions plus universelles, on obtient un cadre infini qui pourtant semble si réduit, comme une prison minuscule dans un désert d'immensités. D'un rythme lent et d'une succession d'intrigues ne ressort que la vague sensation que le personnage était déjà perdu avant le début du film et que son chemin est tracé sans qu'on ne puisse rien y faire. Lui seul est maître de son esprit et nous n'y avons pas pleinement accès, curieuse fatalité que de rester bouche bée en nous demandant : Pourquoi ?
Si l'ambiance est posée, le casting concerné (bien que quelque chose me gêne dans ce couple), et le scénario attachant, difficile de ressortir du visionnage pleinement convaincu. Beaucoup d'attentes pour pas grand chose, ce qui peut nous laisser penser que l'histoire manque de consistance. Malgré tout une certaine alchimie opère, de manière assez curieuse, pour rendre l'expérience spéciale et plutôt agréable.