Michael Haneke ("Le ruban blanc", "Amour") composait en 2005 un film sur le thème de la culpabilité.
Alors oui, la mise en scène est à l'égal de Melville, lancinante à souhait, par des plans séquences qui ont l'art de ne rien révéler. Le réalisateur reste posé sur ses décors pour essayer de nous cacher la vérité. Peine perdue, car même si Haneke prend le temps de nous habituer à son rythme, on décoche quand même rapidement à cause du sujet qui n'avance pas. Néanmoins, une relance honorable dix minutes avant la fin qui s'estompe sur un final qui se termine en queue-de-poisson. What else, Michael ? Non seulement, tu restes sur tes décors, mais en plus tu as décroché la Palme de la mise en scène à Cannes ? Je pense que tes prédécesseurs l'auraient mieux mérités que toi (Melville lui-même, Corneau et Leone entre autres).
Autre point. En dépit du scénario sérieux (un couple aux modestes moyens se fait suivre par des cassettes vidéos lors de leurs trajets quotidiens...), les différences subtiles de rythme et de suspense apportées par Haneke trahissent l'essence même du thriller. En gros, Haneke fait un thriller sans nervosité. Bizarre, non ? Le réalisateur nous narre un thriller sous l'effluve d'un mélange satire sociale/comédie dramatique. What's happening Monsieur le réalisateur ?
Sur la question de la musique, Michael fait l'impasse, et je me demande pourquoi. Michael nous enlève directement tout espoir de courir d'un bout à l'autre de l'écran sans aucune explication. De ce fait, il reste les bruits quotidiens qui, même s'ils sont assez bien acceptés par la mise en scène, ont l'art de nous faire tiquer, un peu comme une salade dans laquelle il manque l’assaisonnement. Encore un super beau point, Michael (ironie) !
Dernière causerie : le casting. Dans "Caché", seul Daniel Auteuil s'en sort haut la main. D'une sobriété exquise, il nous fait son numéro, comme à l’accoutumé. Et ça, c'est du Daniel en grande forme. Super, Monsieur Auteuil, j'en redemande encore !! A ses côtés, une Juliette Binoche ("Le patient anglais", "Bleu" de Kieslowski), étrangement inexistante (?). Les seconds couteaux présentent, quant à eux, une interprétation au sommet. Des ogres de talents !! Bernard Le Coq, " formidablement" exquis, Annie Girardot, succulente à "mourir d'aimer" !, et Denis Podalydès, "sociétal" à souhait. Du bonheur à l'état brut !! Des visages familiers bien répartis et qui ne se mordent à aucun moment. Jubilatoire !!!
Pour conclure, il n'y a que les acteurs qui jouent au jeu de cache-cache ce soir. Et c'est tant mieux !
Michael Haneke, c'était le premier film que je voyais de toi, et ce ne sera pas le dernier, ça, tu peux en être assuré.
Pour les amateurs d'un casting en grande pompe uniquement. Pour les autres, ce sera du Haneke ...enrubanné !!