Le cinéma comme art de la distance et de la mise en abyme, c’est l’usage qu’en est fait Jack Hazan dans «A bigger splash» (Grande-Bretagne, 1973), curieux objet mi-documentaire sur le peintre pop art David Hockney. Au travers de ce documentaire incrusté de parts fictionnelles, Hazan questionne les rapports entre la peinture, la photographie et la cinématographie. Il y a, d’une première part, confusion volontaire entre les niveaux d’arts par le fait de qualifier le film du même nom que la célèbre peinture d’Hockney : «A bigger splash». D’autre part, la confusion nait quand la photographie se fait technique adjointe à la peinture ; selon l’usage préconisé par Walter Benjamin. Au milieu de cette corrélation, le cinéma témoigne. Nul art représentatif ne prévaut, pour Hazan, mais tout doit être lié. Hazan élabore deux pistes complémentaires au cours de son œuvre : une, davantage biographique, où l’on voit le déroulement créatif, et destructif, de la peinture ; l’autre, davantage métaphysique, où Hazan «adapte» la peinture en film, la questionne et la déploie par le mouvement. La fameuse peinture homonyme représente un homme incliné sur le bord d’une piscine où il s’y voit nager au fond. La partie métaphysique, nécessairement spéculative et donc part fictionnelle du film, se dote d’une scène élégiaque où cinq éphèbes nus plongent dans la piscine, pour seul son des éclaboussements d’eau. Le film multiplie l’objet de la peinture : un seul homme dans la piscine chez Hockney, cinq chez Hazan. Comme le cinéma reproduit à foison les images, Hazan reproduit à foison les sujets. A la devanture de ces questions éthiques et esthétiques, Hazan voit son film possédé par Fassbinder. L’homosexualité et la banalisation des corps rappelle le cinéaste allemand, d’autant qu’«A bigger splash» dénote d’une démarche artistique affirmée à l’instar de la politique artistique de Fassbinder. Toutefois, la réussite est mitigée puisqu’Hazan, à communier avec son sujet ne s’en distancie pas.