Atomic Cyborg est un film adorable dont le twist, bâclé comme pas deux, est tristement détruit par son propre titre. Parce qu'il se contruit, une heure et demi durant, sur la surprise et le mystère engendrés par notre personnage principal, un certain Paco au charisme d'huitre, qui ne trouve d'égal à son manque de talent que l'absence totale d'expression sur son visage. Il paraît si peu humain, à ce point artificiel qu'on aurait pu se questionner sur l'origine de cet homme surpuissant si l'on n'avait pas su que le film portait sur un cyborg.
Et ce que l'on sait dès son introduction gâche au final cette enquête censée révéler aux personnages en même temps qu'aux spectateurs la nature véritable du protagoniste de ce sacré nanar des années 80. Encore plus décevant qu'on comprend, aux vues du titre, comment il parvient à blesser le vieil homme en début de film, le montage tentant, avec une laideur phénoménale, de cacher l'arme utilisée, et qui serait un spoil pour la révélation finale.
Dommage que le titre gâche tout cela, au point de même trahir le scénario de l'oeuvre. Parce que s'il empêche le film de mener son enquête puis de nous surprendre (le mot est peut-être exagéré), il nous conduit surtout vers une conclusion étrangement bien foutue, où l'on apprend la véritable nature de cet homme robotisé, qu'on pensait pourtant connaître depuis le début. Reste au moins cette légère surprise qui reste le sourire, pas trop mal montrée par un ultime plan plutôt bien composé.
Ainsi, le travail du cadrage surprend : aussi moche qu'il puisse être, il parvient, au moment de filmer l'extérieur et les grandes étendues désertiques, de nous pondre des plans certes très classiques, mais pourtant bien composés, assez grandioses, et foncièrement esthétiques. On se surprend même à le trouver, l'espace d'un instant, plutôt joli, avant de repartir vers des zooms/dézooms et des cadrages en gros plans immondes, preuve ultime qu'on tient là un nanar de compétition.
L'histoire, et ce plan plagiat de Terminator (le fameux passage dans le motel à se rafistoler le bras, repris par je ne sais combien de sous-Terminator italiens), confirment cette impression de regarder une pépite supplémentaire du cinéma bis, tout autant que ses fantastiques méchants divinement doublés en vf, et de ce scénario étiré jusqu'à la mort pour amener une histoire d'amour inter-espèce (une blonde et notre drôle de cyborg), quand il ne désire pas représenter l'égérie du cinéma d'action viril des années 80, à grand coup de remake hasardeux (et huileux) de l'Over the top déjà grand guignolesque de Stallone.
Mais entre deux conneries et quatre répliques forcées, entre ces moments de séduction proches d'un film de cul qui passerait sur What The Cut et l'idiotie chronique du comportement de ses méchants (qui s'entretuent plus que ce que notre Cyborg peut les abattre), ressort d'Atomic Cyborg est certaine vision d'auteur. Parce qu'en omettant le côté couillu et profondément pessimiste de sa conclusion, les premiers plans, maladroits mais réfléchis, nous posent, dès le départ, un cadre dystopique d'une société prétendument futuriste.
Outre le fait qu'on représente une crise géopolitique en trente secondes et qu'on la vire en autant de temps qu'elle aura été amenée, et que les dissidents du régime en place sont reconnaissables à la laideur du pyjama qu'ils portent, le générique, intérêt avant le drame, fait un parallèle banal mais efficace entre le pouvoir de conquête des industries et le désespoir de la déchéance d'une population rejetée jusqu'à la rue, qui passe son temps à mendier ou mourir de faim.
Un éclair de réflexion dans un film profondément bourrin mais jouissif et généreux dans sa connerie, qui se persuade, au travers de ses multiples influences (1984, l'évident Terminator, Over The Rop, Mad Max) et de son héros physiquement proche d'un mélange entre Schwarzenegger et Mel Gibson, d'être un bon film indépendant, engagé, original. Il n'est évidemment rien de tout cela, et devient, contre sa volonté, tellement plus. Atomic Cyborg, à défaut d'être l'égérie de ce qu'il aimerait représenter, permet aux nanars de genre d'atteindre un paroxysme de stupidité, de sincérité, de rires et de grand n'importe quoi.
Une page de cinéma.