Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
5,0
Publiée le 15 mai 2012
L'aboutissement de la magie selon Crowley dans un film, complétement fou, couleur superbe, acteurs andorgynes, façon de filmer extraordinaires et on dirait un vrai rituel. C'est un court-metrage expérimental qui est réellement une expérience.
Trônant au beau milieu d'une filmographie fascinante, Inauguration of the Pleasure Dome marque l'aboutissement formel de l'Oeuvre de Kenneth Anger. Visuellement somptueuses, les images sont travaillées jusqu'à une dérangeante sophistication, proche du maniérisme voire de l'artifice. On pense aux films de Georges Méliès dans cette manière d'utiliser le cadre et la couleur, les plans semblant avoir été composés au pochoir, parfois à l'aide de filtres, sinon surimprimés. Il va sans dire que ce monument d'esthétisme force l'admiration et qu'il demeure tout à fait représentatif de l'univers d'Anger. Occulte, débarrassé du verbe, inclassable et chatoyant, Inauguration of the Pleasure Dome s'avère légèrement hermétique pour ma part, le cinéaste en tirant un résultat plus statique et ampoulé qu'à l'accoutumée. Cela dit il est à découvrir d'urgence, capable de subjuguer par son éclatante beauté et son atmosphère envoûtante. Pas le meilleur selon moi, mais indiscutablement unique en son genre. Un petit bijou.
Le plus long film du Magick lantern cycle (38 minutes) est aussi l’un de ses plus ensorcelants. Sur une musique envoûtante de Leos Janáček (Messe glagolitique) on assiste à un défilé de symboles et de divinités – dont l’une apparaissant sous les traits d’Anaïs Nin – dans un rituel paré de lumières rouge et verte.
Une dramaturgie mythologique et ésotérique, comme Lucifer rising. Anger est là dans un univers européen, symbolisme, décadentisme, Art nouveau, musique de la Belle époque... c'est du cinéma comme de la peinture animé, avec tout un art de la surimpression et du chatoiement des couleurs. On ne s'y retrouve pas forcément sans les repères narratifs et culturels requis, mais c'est de toute façon d'une beauté visuelle fascinante.
Gros travail réalisé par Kenneth Anger sur ce court-métrage qui affiche près de quarante minutes au compteur. Cette suite de tableaux symbolistes largement sous influence de Crowley ne m’a pas vraiment enthousiasmé, contrairement à son Lucifer Rising que j’ai trouvé bien plus abouti. Ici, l’implication du spectateur est bien plus difficile à cause d’une musique peu attrayante et si on peut comprendre que l’œuvre fascine encore pour ses audaces formelles et son parfum de soufre, l’intérêt pour le spectateur contemporain reste relativement limité, surtout si l’on ne partage pas les multiples références symbolistes de son auteur. Parfois sévèrement kitsch, le résultat est extrêmement maniéré, à la lisière du ridicule sur certains plans. Bref, le monument tant attendu et tant vanté me semble quelque peu surfait, y compris en le comparant à d’autres œuvres d’un cinéaste par ailleurs plus inspiré.